La Moins Bonne de tes copines

Ce jour où j’ai acheté un sextoy

Mardi 28 décembre 2021. Ce jour où j’ai acheté un sex-toy. 72 heures après Noël. Pas forcément le timing auquel on pense pour s’acheter un god. D’autant plus qu’avec la masturbation, on n’a jamais été très copines. Mal vue par les autres, jugée par moi-même, je ne lui avais jamais vraiment laissé de chance. Bien sûr, j’avais tenté. Pas tellement par intérêt, je l’avoue, mais parce qu’il paraît que le célibat avec 0 vie sexuelle, c’est pas possible. Alors, sous les diktats de la société, j’y suis allée. Mais pas trop non plus. Parce que, certes, elle me disait de me trifouiller le clito pour ne pas être une vieille fille, mais aussi de ne pas le crier sur tous les toits pour ne pas être une pute. Elle est compliquée, la société. Une masturbation silencieuse. Voilà ce qu’elle voulait.

Fuck toi la société

C’était exactement comme ça que j’avais vécu ma première tentative. Comme un plaisir coupable.

J’avais osé m’enfiler quelques doigts et laisser naître des pensées obscènes dans ma tête, allongée sous ma couette, dans le noir total, et forcément, j’avais eu l’impression de me violer. Et il n’y a malheureusement aucune blague cette fois. J’avais détesté. Et j’avais fini par ne plus me toucher, et surtout, ne même plus en avoir envie. Ma libido avait disparu et ne me manquait pas.

Jusqu’à il y a quelques mois ; en décembre, donc. Les semaines qui avaient précédé, j’avais débloqué des choses en moi : perte de poids qui me faisait me sentir mieux dans ma vie, date avec des mecs pas trop débiles, discussion avec les copines de copines que je ne connaissais pas trop. Toutes ces choses ont fait que j’ai voulu acheter un sex-toy. Sans en parler à personne, comme un secret avec moi-même, sans pression, sans attente, j’ai commandé le Graal : le Womanizer.

Le voyage avait commencé, et avait Ce truc, c’est LE truc. J’ai même hésité à contacter la marque pour qu’elle me paye tant je vais en faire des éloges. Ou au moins pour qu’elle m’offre sa dernière technologie.

Le Womanizer, c’est un bijou qui te stimule le clito sans même te le toucher, capable de t’offrir un orgasme en 30 secondes et de te faire oublier tout pénis. Le Womanizer, c’est un jouet que tu peux trimballer partout, de la taille de la main, que tu enfiles dans ta culotte discrètement entre deux réunions ou au réveil après un rêve érotique. Le Womanizer, c’est le compagnon qui peut te faire oublier le tien, la cerise sur le gâteau de ton célibat, le héros de tes pulsions et le gardien de tes envies. Le Womanizer, c’est le sex-toy que nous devrions toutes avoir. Et maintenant, je l’ai, moi aussi[1].


[1] Tips de copine : j’ai pas de code promo, mais vous pouvez en trouver très facilement en cherchant sur Google ou en passant par des sites revendeurs. La vérité, dites-moi en commentaire si vous en trouvez pas, et je partirai au front pour vous dénicher une réduc digne de ce nom. #lafamille #influenceusecul

Quatre jours après ma commande, il est arrivé. Dans ma boîte aux lettres et surtout dans ma chatte. J’ai directement arraché le carton de mauvais goût qui l’emballait et à peine l’avais-je reçu que je baissais déjà ma culotte au milieu de mon salon, Gégé du côté borgne pour garder mon intimité. J’ai appuyé sur le bouton « On », constaté avec joie qu’il y avait déjà de la batterie et, de mes mains non initiées, sans même lire la notice, je l’ai installé sur mon clitoris. Je me suis laissée voguer sans me juger, sans rien attendre de moi, si ce n’était de me découvrir. J’ai accéléré la vitesse à mesure que mon envie s’intensifiait et je l’ai fait vibrer, dévoilant toutes ses fonctionnalités, finalement pas très nombreuses. Mais il n’a pas eu besoin de plus. Et moi non plus. En littéralement moins d’une minute, le Womanizer posé sur mon clito, puissance niveau 4, j’ai atteint l’orgasme. Peut-être même pour la première fois. Car je me sentais libre. Libre de tout jugement, à commencer par le mien. J’avais accepté de me faire du bien et de recevoir du plaisir, d’aimer le sexe et d’en redemander, d’avoir envie et de pouvoir me satisfaire. À 30 ans, pattes écartées sur mon canapé, culotte sur les chevilles, vibro sur le gland, j’avais enfin accepté ma sexualité.

Je sentais mes lèvres se gonfler, mon bas-ventre brûler, mon vagin se serrer avec cadence et mon cœur accélérer.

Je sentais les mains sur mon corps, les frissons qui l’accompagnent et les pensées qui s’échappent. Je me rappelais cette sensation de force, de douceur et d’apaisement. Toutes ces hormones qui s’entrelacent pour te laisser comblé·e quelques secondes avant d’obliger ton corps à s’écrouler, fatigué. Et tu oublies tout, le temps que ça dure.

Alors forcément, à partir de ce jour, je suis devenue addict à l’orgasme. Je venais d’aborder un nouveau continent et d’explorer un nouveau monde. J’étais la Christophe Colomb du cul. J’étais… Christophe Colon (oui, la vanne était facile, mais elle reste efficace). Et je ne voulais pas m’arrêter là. Assoiffée de découvertes, j’ai lâché mon Womanizer et j’ai foncé dans mon bureau pour ressortir tous mes autres jouets que je n’avais utilisés que trop peu :

  • une longue tige flexible, très agréable et vibrante ;
  • un dauphin violet dont le bec vient saluer ton utérus ;
  • un petit jouet de la forme d’un tampon pour stimuler ton clito ;
  • une sonde de rééducation périnéale connectée (comment ça, c’est pas un sex-toy ? Prenez-vous une décharge dans la chatte et on en reparle).
Intéressant, ai-je pensé…

Je possédais une belle collection, sans même en avoir conscience.

J’ai rechargé les batteries, aussi bien celles de mes jouets que celles de mon corps, et j’ai enchaîné. En plusieurs jours, j’ai tout testé. Et parfois en même temps. Je devenais une pro du sex-toy. Je m’imaginais déjà en faire un business, créer ma propre marque de gods ou me spécialiser là-dedans sur Instagram. « Salut les filles ! Alors je vous conseille celui-ci pour vous l’enfoncer dans le cul. » J’y étais. J’étais passée de la petite prude à peine capable de se mettre un doigt à la femme qui ne peut pas tenir une journée sans orgasme. Et encore, je ne vous ai pas parlé du porno. Mais ça, c’est une autre histoire.

J’étais heureuse. Heureuse d’aimer le cul et inquiète qu’un homme ne puisse jamais faire mieux. Car c’est ça, le souci de l’orgasme. C’est que plus tu en as, plus tu en veux. Et j’en demandais plus. Dans chaque homme, je voyais une capacité sexuelle. Au-dessus de leur tête, comme dans un jeu vidéo, une petite jauge me donnait leur potentiel. Potentiel basé sur des critères complètement subjectifs et sans aucune réelle valeur ; je cite : la taille des épaules, la finesse des mains, la longueur du nez, la brillance des cheveux et le style vestimentaire. Rien que de l’écrire, mon Womanizer m’appelle. Je les dévisageais, en commençant par leur braguette. À la place de leur bite, de leurs lèvres et de leurs mains, je voyais un vibro. Et à chaque fois, j’étais à deux doigts de les supplier de me baiser, moi, la nana incapable d’embrasser un mec en soirée.

Bien sûr, vous me direz que j’en rajoute et, qui plus est, que je passe mes journées chez moi, seule. Vous avez raison. Jusqu’au jour où j’ai décidé d’aller chaque soir à la salle de sport, endroit composé à 84 % de corps musclés masculins. Mais ça, c’est encore une autre histoire.

Et si mes pulsions à la salle ont commencé à faire basculer ma joie d’avoir retrouvé ma libido en inquiétude de ne pas pouvoir la satisfaire, le coup fatal a été causé par Instagram. Grande influenceuse que je suis, j’ai été contactée par une marque dont le produit a retenu ma plus grande attention. Vous l’avez deviné : un sex-toy. Évidemment, ce n’était pas la première fois que ce genre d’entreprise souhaitait travailler avec moi ; en revanche, c’était la première fois que j’acceptais. Car, leur produit, il me faisait de l’œil. Sur le papier, il avait tout : les succions du Womanizer, la stimulation interne du rabbit, la flexibilité et les courbes. J’étais convaincue. Et en plus, j’étais bien payée. On y était, au placement de produit parfait.

Franchement, Garou, c’est l’un des seuls qui était bien. On est d’accord ?!

Tout s’est écroulé lorsque j’ai reçu le vibromasseur. Si l’emballage était séduisant, le marketing incroyable et l’objet magnifique, le reste était décevant. Difficulté d’utilisation, maniabilité limitée et zone de succion trop petite (sans doute à cause de la taille de mon clito devenue trop importante à la suite des nombreuses précédentes manœuvres). Il n’a réussi à rien, et ce malgré les multiples tentatives.

J’ai bien sûr refusé la collaboration, mais là n’était pas le problème. Le problème, ça a été lorsque pour des raisons évidentes, la marque m’a demandé pourquoi leur jouet ne m’avait pas satisfaite. Et c’est alors que mon inquiétude concernant mon addiction aux sex-toys a atteint son paroxysme. Car, sur ce mail, j’étais capable de donner tous les détails, toutes les sensations de mon corps à chaque étape, et ce avec une comparaison à d’autres sex-toys. Mon vagin était un pro capable de sortir une fiche produit avec points forts, points faibles et pistes d’amélioration. Mon clito était devenu directeur marketing, spécialisé dans l’étude de marché des jouets pour adultes. J’ai terminé le mail, ajouté le cinquième tiret, puis fini par l’envoyer.

Et, à mon bureau, j’ai compris que toute ma vie sexuelle avait changé, sans savoir si c’était mieux ou moins bien depuis ce jour où j’avais acheté un sex-toy.

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37 réponses

  1. Daniéla Costa Dias dit :

    J’adore cette nouvelle! On attend le code promo 😅🤷🏼‍♀️

  2. Manon Merceron dit :

    Haaaa voilà ma journée peut commencer !!! J’espère que tu retrouveras vite les sensations d’une bonne relation sexuelle qui n’est pas comparable à des séances de masturbation (mais pas incompatible 😉)
    Merci pour cette nouvelle encore pleine de… jouissance 🤣🤣

  3. Angelique Toux dit :

    Y’a rien de mal à utiliser ce genre de jouet car du coup tu connais mieux ton corps et tu utilise une bite différemment (pardon 😂)
    Bref en couple depuis 7 ans et boîte à cul sous le lit avec tout mes jouets. Rien d’incompatible

  4. Isabelle Lenoir dit :

    Merci 😊

  5. Coralie dit :

    Merci pour cette nouvelle !
    J’ai bien rigolé 😂 !
    La masturbation féminine ne devrait plus être un tabou 😊
    Je trouve ça super important de connaître son corps et ses désirs !
    Vibro , pénis , doigts….
    L’important c’est de prendre son pied !
    Profite bien de ta vie sexuelle 😁

    On attend le partenariat avec Womanizer ! 😘

  6. Crys dit :

    Les jouets sont une valeur orgasmique sûre, d’autant plus qu’ils sont plus à piles mais rechargeables (ça évite le coup d’la panne) mdrr

  7. Celia dit :

    Entre deux rdv clients me voilà en palier lecture !!! Merci pour ce bon moment de rigolade et sourires coincés en me demandant combien de temps j’allais tenir avant d’aller regarder cette référence sur Google 🤣🤣
    Merci à toi !

  8. Laetitia dit :

    Merci Nono, excellent encore une fois et tellement vrai aussi. Je me retrouve par moment. Rien de mal à se faire du bien, bien au contraire 😉

  9. Ludivine ALBERT dit :

    Géniale cette lecture. J’ai adoré 🥰 j’attends le code promo hihi merciii 😘

  10. Vanessa Bolle dit :

    On en parle de la vidéo de la grand-mère ;), j’adore. Vive notre influenceuse “colon” haha. À la semaine prochaine…

  11. Fanny Vallauri dit :

    Ah on en vient au jour de l’achat du sextoy mais dis donc tu n’aurais pas croisé quelqu’un que tu connais au sexshop ? 😂 Mdr je suis trop restée dans le livre c’est rien 😂 tu vois j’ai eu l’envie d’en acheter un à un moment puis j’ai fait retourner le truc car je me disais j’ai un mec ça se fait pas, mais en vérité ton petit texte m’a fait réfléchir pourquoi j’aurais pas le droit ? C’est mieux que j’aille avec un autre pour apprendre à me découvrir ? Où quand j’ai pas sous la main mon chéri, je devrais aller chercher un homme quelconque dans la rue ? Non je peux bien m’offrir du plaisir seule c’est mon droit et plus honnête que d’aller voir ailleurs donc c’est décidé gooo womanizer 😂 en plus c’était cette marque que j’avais pris me semble t il s’il est génial alors je prends 💪🏻🤗 merci encore une fois pour cette histoire aussi amusante, gênante et décomplexée et qui aide aussi à retirer les tabous c’est top 😘👏🏻🙏🏻🙏🏻

  12. Laure Hugon dit :

    Oh j’adore cette nouvelle. Sextoys et relations de couple ne sont pas incompatible !!
    On adore autant l’un que l’autre. Mais alors le womanizer ❤️🥰 the best

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