La Moins Bonne de tes copines

Ce jour où il est revenu

Vendredi 15 avril 2022. Il est revenu dans ma vie. Une fois encore. C’est son truc, de revenir quand on ne l’attend pas, depuis une dizaine d’années. Je sais, vous pensez que je ne parle pas d’un homme. Eh bien, vous avez tort. « Il » en est un. Pas forcément comme je l’aurais voulu, mais il en est un. Et si cette histoire ne va sans doute pas vous intéresser, elle rappellera à mon égo que, oui, certains hommes me courent après. Même si ce ne sont jamais les bons.

L’histoire remonte à 2010 ou 2011. Bref, l’histoire remonte à plus de dix ans (et ça, ça fait mal).

À l’époque, je rentrais en première année de droit. Parce que oui, j’ai fait du droit. Année que j’ai détestée, que j’ai pourtant poursuivie avec la deuxième que j’ai détestée encore plus et qui m’a poussée à tout quitter pour partir vivre en Australie, où j’ai élevé un kangourou comme mon fils avant de le voir partir vers une mort certaine. RIP Joey. Mais restons sur la première année de droit.

J’avais quelques kilos en moins, des talons en plus, un style toujours approximatif et un mec. Oui, chères amies, il m’est déjà arrivé d’être en couple, avant de devenir la traumatisée du cœur que je suis aujourd’hui. C’est probablement à cause de lui, d’ailleurs. Parce que durant cette première année de droit, on s’est séparés. Ou pendant la deuxième. Je vous avoue que j’ai un peu occulté cette partie de ma vie. Je n’étais pas la Noëllie que vous aimez et, je te le confesse, que j’aime aussi. Finalement, qu’importe l’année ; ce qu’il faut retenir, c’est que tout s’est joué en droit.

Pour vous replacer le contexte, à la fac de droit, j’étais donc partagée entre un cœur brisé et une chatte en chaleur. Je ne vais pas vous mentir, les relations amoureuses ont toujours été très compliquées pour moi. J’aime les hommes autant que je les déteste, ils m’intéressent autant qu’ils m’ennuient.

Forcément, c’est pas facile pour entretenir un lien.

J’essayais donc de faire comme les autres en rencontrant des mecs, en essayant de coucher avec pour un coup d’un soir et en étant ce cœur léger que je n’ai jamais su être. Big up à Elias qui a débarqué chez moi un soir et qui est apparu devant moi, nu, avec une troisième jambe à la place de la bite. Et, évidemment, il faisait du basket (référence aux joueurs qui ont des grandes jambes ; par défaut, la troisième l’est aussi). J’ai pris peur, littéralement, et lui ai demandé de partir. Je suis restée seule, soulagée de ne pas avoir perdu mon vagin dans cette bataille. Voilà donc où j’en étais il y a dix ans. Au même endroit qu’aujourd’hui, en somme.

GÉNIAL

Tout comme Monsieur Y. Monsieur Y, c’est celui qui me courait après. Et qui me court toujours après. Ce mec, c’était le premier de la classe. Il avait réponse à tout. À TOUT. Et croyez-moi, pour avoir réponse à tout en cours de droit constitutionnel, il faut être sacrément brillant. Ou ne pas avoir grand-chose à faire de sa vie. Monsieur Y, il était très intelligent. Très, très intelligent. Il faisait partie du petit groupe d’élites de la promo dont tous les membres sont fils et filles de médecins ou d’avocats, j’ai nommé :

  • Martin, le populaire, beau, arrogant et plutôt malin ;
  • Marion, la stylée, canon, intelligente ;
  • Natacha, la connasse, amoureuse de Martin alors que lui ne voulait que Marion ;
  • Aristide, le mec que tout le monde adorait, moi la première.

Aristide, c’était mon ami.

Un gars vraiment très cool, pote avec toute la promo, voguant entre les soirées étudiantes et la bibliothèque. On partageait des verres, les potins et les galères des TD. Et c’est grâce à lui que je me suis retrouvée, un jour, à la table du groupe d’élites à réviser mes partiels. Moi, je n’appartenais évidemment pas à cette team. Certes, j’avais aussi réponse à tout, mais simplement parce que je fermais jamais ma gueule. Je taclais les profs, faisais des blagues et amusais la classe. C’était mon rôle.

Et ça, Monsieur Y, j’étais persuadée que ça lui plaisait pas. Encore plus lorsque j’ai passé l’aprèm avec eux. Au milieu de Marion et lui, je relisais mes fiches sans réussir à me concentrer sur un mot. D’abord parce que je ne comprenais rien, mais surtout parce que je n’étais pas à ma place. Eux, ils se réjouissaient, frémissaient dès qu’ils apprenaient un arrêt et avaient un orgasme à la lecture d’une jurisprudence. Moi, je cherchais encore la définition de ce mot.

(La vérité, même avec deux ans de droit dans la gueule, j’ai pas la définition exacte. Mais en gros, la jurisprudence, c’est la décision qui a été prise par le juge. Pourquoi ils appellent pas ça une décision ? Parce que c’est des cons.)

Et puis, le plus surprenant est arrivé.

Monsieur Y a commencé à me parler. Je serais évidemment incapable de vous raconter ce qu’il m’a dit, probablement parce que je n’ai de toute manière pas compris et, soyons honnêtes, je ne lui ai probablement pas porté un grand intérêt. Il faut dire que physiquement, déjà, c’était pas ma came (et arrêtons d’être faux-culs : si un homme nous plaît pas physiquement, l’attrait devient presque nul). Il n’était pas très grand, avec des yeux globuleux, des cheveux bouclés qu’il perdait déjà et j’aurais sans doute étouffé sa bite sous la taille de mon gros cul.

Pourtant, il continuait à me parler. Ou plutôt, il me ridiculisait. Pire, il me provoquait, me tenait tête et osait me répondre. Parfois même en plein milieu d’un cours. Il me cassait devant les profs avec les réponses que je n’avais pas, me mettait mal à l’aise devant ses potes et me rappelait que face à lui, j’étais idiote. À ce moment de l’histoire, je dois vous avouer que c’est assez rare, les hommes qui me tiennent tête et qui arrivent à me faire fermer ma gueule. Alors, quand l’un d’eux ose, même avec un physique désavantageux, je ne peux m’empêcher d’être quelque peu excitée. Même si je supposais que lui ne l’était pas du tout, vu son attitude. Il était désagréable et agaçant, au point que j’étais persuadée qu’il me détestait.

Mais après des mois à se foutre de ma gueule, il m’a proposé d’aller boire un verre. Encore une fois, les détails m’échappent, mais je me souviens parfaitement de ma réponse : « Gros con, ça fait deux ans que tu me regardes mal, que tu me juges et que tu te fous de ma gueule, alors ton verre, tu peux te le mettre dans le cul. »

Ça a été la dernière fois que l’on s’est vus, probablement en 2011. Et pendant cinq bonnes années, jusqu’en 2016, j’ai eu droit à un message tous les six mois. Et chaque fois, j’étais atroce. Ne me jugez pas. En réalité, j’ai jamais compris pourquoi il s’intéressait à moi. Non pas que je doute de moi, mais simplement, nous étions bien trop différents et je l’avais toujours détesté. Et vous me connaissez, je ne fais jamais les choses à moitié…

Je n’ai évidemment pas gardé nos échanges, à l’exception de ceux de la dernière année. Et parce qu’ici, on se dit tout, voici le diable by Nono.

RELANCE MAI 2016

Après une énième demande de sa part, à laquelle j’avais lâché un « Vu », il a relancé… pour son grand bonheur.

Après ces quelques messages étendus sur trois mois en 2016, je n’ai plus eu de nouvelles. Jusqu’à ce vendredi 15 avril, sur Instagram. Il a fait soft en me demandant simplement des nouvelles. Et, pour la première fois, moi aussi, j’ai été plus tendre. Plus de cinq ans après, le temps a fini par faire son travail, et j’ai calmé ma haine à son égard. Bien évidemment, il était toujours le même, en mille fois pire. Il était devenu un grand magistrat à Paris, portait des mocassins en guise de chaussures, un polo sur les épaules et la calvitie que j’avais prédite semblait bien présente. Et pourtant, je lui ai laissé une chance, sans vraiment savoir pourquoi. J’ai relu nos messages du passé en me disant que, peut-être, il avait raison.

Alors, dans ma tête, mille questions : c’est possible de kiffer un mec sans le connaître vraiment ? Un mec qui est à l’opposé de ce qui nous plait physiquement ? Et peut-être même mentalement ? Peut-être que je m’intéressais à lui parce que j’avais personne d’autre en tête. Peut-être que si j’avais eu un vrai crush, je lui aurais même pas accordé une seconde d’intérêt. Est-ce que vraiment, je pouvais avoir envie de coucher avec un mec qui me déplaisait autant ? Encore aujourd’hui, je n’ai pas les réponses. Et, me connaissant, je vais continuer de faire en sorte de les éviter. Mais une chose est sûre : Monsieur Y a eu le mérite de me perturber, ce jour où il est revenu (pour la énième fois).

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20 réponses

  1. Sophie Salaun dit :

    Ah ces moules qui s’attachent au rocher, j’crois qu’on a toutes vécu ça 😂😂 j’ai toujours été comme toi, très cassante… Au moins ils savent à quoi s’en tenir mais finalement j’pense qu’ils aiment cette résistance 😉

  2. Coralie Psc dit :

    J’adore lire tes nouvelles le jeudi pendant ma pause dej un plaisir, c’est mon moment de détente !
    Encore une fois j’ai bien rigolé !
    Je pense que c’est justement le fait que certaines personnes sont totalement différentes de nous qui peut attirer.
    Même si la pompom girl fini souvent avec le footballeur parfois la petite “intello” plait aussi à ce footballeur musclé (Bon ok je regarde trop de série à deux balles …)
    En vrai tu lui as quand même répondu pas toujours sympa mais répondu quand même ….
    Suite au prochain épisode dans 5 ans (attends pas aussi longtemps qu’avatar stp).
    Bisous !

    Coco

  3. Louise Anézo dit :

    L’archétype de l’amoureux qui veut pas montrer qu’il l’est et du coup fait subir les horreurs les pires, à sa bien-aimée. Peur être un jour qui sait vous marrirez vous… 😀

  4. Louise Anézo dit :

    Merci Noellie pour cette histoire. Je trouve ça détendant de lire ces anecdotes. Et puis là j’ai ton premier roman à lire. J’espère que je vais aimer. Bisous 🙂

  5. Fanny dit :

    Ah un “IL” te perturbes c’est déjà le début de quelque chose ça 😋 bah oui quoi s’il ne te perturbait pas c’était signe que voilà rien à faire il peut retourner faire jurisprudence et tu t’en tapes (oui je l’utilise pas correctement on s’en fiche même toi avec 2 années de droit tu as simplifié ça en 3 mots “décision du juge” alors j’ai le droit de l’utiliser n’importe comment avec aucune notion en droit 😊) mais monsieur Y aura réussit à avoir son verre je pense d’ici 2023 et au final raison ou tort de cette soi disant “kiffance” au moins tu auras un peu fait ressurgir des souvenirs du passé et parfois ça fait du bien (dans ton cas de pouvoir te dire OK j’ai pas fait du droit mais regarde où j’en suis c’est encore plus style et ça me corresponds totalement quoi dire de plus 😍) bref on aura sûrement une nouvelle de la suite ou pas suite avec ce monsieur 😘 😜 je l’espère en tout cas 😅

  6. Joyce dit :

    J’ai rigolé 🤣 Pauvre Monsieur Y, s’il n’a tjrs pas compris depuis tout ce temps il n’est pas si intelligent que ça car tu as été très clair dans tes messages 😅😂. Vivement la suite 🤞🏼. Toujours un plaisir à lire 🤩

  7. AURELIE POITOU dit :

    On reste sur notre faim !!!
    La suite !!! 🙂

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