La Moins Bonne de tes copines

Ce jour où je suis partie en week-end de survie

bkg B Club

Jeudi 25 février 2021. J’ai saisi l’opportunité. Celle de partir à l’aventure, de vivre à l’état sauvage, de manger des insectes pour combler ma faim et de boire ma propre pisse pour m’hydrater. J’ai saisi l’opportunité : celle de faire un week-end de survie.

Une fois encore, je vous dois cette histoire.

Car c’est l’une d’entre vous qui m’a convaincue, tout bêtement, avec un message. L’idée était simple : elle voulait faire gagner de la visibilité à son pote qui, lui, était un aventurier. Sur le coup, j’ai trouvé le projet surprenant. D’abord, est-ce que c’est un vrai métier, aventurier ? Et si tel est le cas, existe-t-il des écoles d’aventurier ? Peut-on le mettre sur son CV ? Et puis, en quoi ça consiste exactement, un « week-end de survie » ? D’après moi, à en croire l’actualité et nos quotidiens merdiques, la survie, c’est tous les jours. Alors, à l’idée de partir en montagne deux jours et marcher plusieurs kilomètres dans le froid avec pour unique nourriture la crasse sous mes ongles, je n’étais pas vraiment convaincue. Mais voilà, Émilie, de son petit prénom (si tu passes par là : love <3), a sorti son meilleur argument. En fait, je l’ai trouvé par moi-même. Parce qu’Émilie, la seule chose qu’elle m’a dite, c’est le nom du fameux aventurier : Rémy Camus.

En quelques clics, j’ai déniché les infos qu’il me fallait, et une photo a fini de me convaincre. Parce que je suis sympa et qu’on est ici pour se détendre, j’ai donc décidé de vous en faire part. Ne me remerciez pas, c’est cadeau.

C’était décidé : je voulais apprendre à survivre.

Et, comme une évidence, je savais qu’un autre en aurait envie aussi. Mon frère, mon ami, celui que certaines connaissent comme le fripier le plus talentueux de Paris (bah quoi ? Comment ça, je suis pas objective ?) : j’ai nommé Alex Flurr.

Nous avons donc pris la route, ce vendredi 26 février, accompagnés de deux personnes en covoiturage qui annonçaient le départ d’un sacré week-end. Antivax, antipolitiques, antisystèmes, antitout. Ces sept heures de voyage ont été intéressantes. Mais elles n’étaient rien comparées aux 48 heures qui allaient suivre.

Nous avions emporté de quoi survivre. Nous étions niveau débutant, donc les cookies maison et le Coca Zéro étaient acceptés. C’était déjà une bonne chose. Évidemment, nous avions aussi misé sur un bon gros duvet, des chaussettes triple épaisseur, une chapka et des chaussures de marche. Chaussures qui, dès la première heure, ont décidé de se scinder en deux.

Mais, outre ces petites galères, nous étions prêts. En ce qui me concerne, prête à trouver l’âme sœur. Parce qu’à l’instant même où j’ai vu Rémy pour la première fois, je suis tombée amoureuse. Mon cœur a manqué un battement et j’ai craqué. Il avait tout. Rémy, c’est le style de mec à savoir absolument tout faire. Et pour cause : son métier est de survivre. Lui, quand ma semelle a quitté ma godasse, il a trouvé un moyen de la réparer. Lui, quand le feu s’est éteint en pleine nuit sous la pluie, il a su le relancer.

Lui, quand mon gros cul n’arrivait pas à passer par-dessus la corde, il a réussi à le porter.

C’était mon héros.

Durant toute la première journée, il nous a partagé son savoir, son expérience et ses connaissances. Connaissances que je ne pourrai vous transmettre à mon tour, car, comme vous l’avez compris, je n’ai absolument rien écouté. Il nous parlait d’azimut, de boussoles, de plantes comestibles, de nœuds, de tentes, de feu. Moi, je lui parlais de couple, de mariage et d’enfants. Je nous imaginais déjà, main dans la main : lui, mon Indiana Jones ; moi, sa… Jane (quoi ? Vous connaissez le nom de la femme d’Indiana Jones, vous ? Bon) à parcourir le monde, à affronter tous les dangers et à en sortir plus grands. C’est exactement ce qu’il a fait… mais avec une autre.

Au fur et à mesure du week-end, après avoir marché des kilomètres, avoir été la première de la classe, la parfaite petite élève, avoir gambadé trop vite juste pour le suivre, il m’a avoué : « J’ai rencontré ma femme lors d’une aventure. » Je n’étais donc pas la première à avoir craqué. Pire, je n’étais pas la première à qui il faisait le coup. Mon cœur s’est brisé, et c’est dans le froid, dans ce duvet que j’avais acheté une fortune et qui était supposé tenir chaud sous – 10 degrés alors que mes pieds se congelaient, qu’a commencé la vraie survie : celle de mon cœur. Dans la nuit glaciale, sous les étoiles, je subissais mon aventure. Car sans lui, elle n’avait plus aucun intérêt. Jusqu’au moment où, quand tout semblait perdu, j’ai senti la personne dont j’avais vraiment besoin se blottir contre moi et me sauver d’une mort certaine. Alex. Il était là. Malgré nos engueulades parce que nous étions des divas en période de panique, malgré la nicotine qu’il n’avait plus dans le sang depuis 24 heures, malgré l’haleine de chacal et malgré les courbatures dans les jambes, il était là. Sans un mot, sans oser bouger de peur de perdre le peu de chaleur que nos corps contenaient, nous nous sommes endormis, au moins quelques minutes, pour reprendre vie à l’aube, puisque le soleil nous empêchait de nous reposer plus. Ça a probablement été l’une des pires nuits de mon existence. Et, si l’humour me ferait dire que c’était à cause de Rémy, la réalité est bien moins romantique : c’est juste l’enfer de dormir dehors, à plusieurs centaines de mètres d’altitude, après une journée de rando, le cul qui gratte et les cheveux en bataille.

Mais ce matin-là, ce dimanche 27 février, annonçait aussi de jolies choses : mon anniversaire, au milieu de nulle part, avec un de mes meilleurs amis (et un putain de beau gosse ; parce que, même marié, ça change pas, ma gueule).

Lorsque nous avons tous ouvert les yeux, malgré la difficulté de la situation, nous avions le sourire. Autour du feu, tous les participants venus d’univers différents se retrouvaient, partageaient et fêtaient mon anniversaire alors même qu’ils ne me connaissaient pas quelques heures auparavant. C’était donc ça, le vrai cadeau de cette histoire.

Et puis, surtout, ce dimanche allait se terminer en beauté. Car Alex et moi, nous avions tout prévu. Le soir même, après cette galère dans laquelle je nous avais foutus, nous avions réservé un Airbnb incroyable, avec un lit aussi grand que mon talent et un jacuzzi sur une terrasse de rêve.

Nous avons débarqué à 21 heures, nous sommes fait livrer à manger et sommes allés dans le bain à remous… vingt minutes à peine. Nos os étaient tellement glacés par cette histoire que nous n’arrivions pas à nous réchauffer, même dans une eau à 40 degrés. Nous avons donc abdiqué, nous nous sommes endormis à 22 heures et n’avons presque pas profité de notre appart loué 250 balles la nuit. Pourtant, j’étais heureuse. Premièrement, parce que vivre cette aventure m’a permis de vraiment prendre conscience de la chance que nous avons de connaître le confort. Et deuxièmement, parce que j’étais entourée d’amour et j’avais l’opportunité de faire ce genre d’expérience folle dans ma vie (et c’est aussi grâce à vous <3). Nous avons passé un moment incroyable, imperfectible, gravé à jamais dans nos cœurs, avec des rencontres inoubliables et qui n’a fait que renforcer notre amitié, ce jour où nous sommes partis en week-end de survie.