La Moins Bonne de tes copines

Ce jour où j’ai testé le LPG

Jeudi 23 juin. Je regarde mon cul dans la glace et je le déteste. Pas complètement. Juste la cellulite qui le recouvre. Parce que le reste, il déchire. Mon cul, il est aussi bombé que les couilles de ton mec à 20 ans, aussi rebondi que les punchlines de ta belle-mère, aussi charismatique que Michelle Obama. Mon cul, C’EST Michelle Obama. Le Michelle Obama des culs. Si on oublie la cellulite qu’il y a dessus.

Depuis toujours, je la déteste.

J’ai des trous sur les côtés, des vagues sur le fessier, un terrain de cross sur les cuisses. Bien sûr, on me l’a déjà dit : « C’est naturel, c’est ça d’être une femme. » Et c’est vrai. C’est ça d’être une femme. D’ailleurs, j’ai un peu honte d’en avoir honte. Parce que c’est ce que je répète moi aussi, à toutes les autres qui ne sont pas moi : assumez-vous ; votre cellulite, on s’en fout. C’est ce que je pense vraiment. Sur les autres, je ne la vois même pas, et même si je la vois, je ne lui porte aucun intérêt. Ni moche ni belle. Elle est juste là. Mais sur moi, je la déteste. Je la trouve horrible, gâchant tout mon corps. Elle m’obsède.

Pendant des années, j’ai tenté de simplement l’accepter. Parce qu’après tout, je ne la vois pas si souvent. J’ai aussi tenté de l’atténuer, en buvant plus d’eau, en mangeant mieux, en limitant le gras et le sucré, en faisant du sport. Bref, en ayant une vie de merde saine. Mais cette pute était toujours bien accrochée à mon cul.

Cet été, après hésitation, j’ai sauté le pas : j’ai pris rendez-vous pour du LPG. Le LPG, dont je ne connais même pas la signification de l’acronyme, est une technique de palper-rouler qui t’arrache le cul afin de retirer ta cellulite. Souvent en cure de dix séances, il ne fait pas que défoncer tes cuisses : il détruit aussi ton porte-monnaie, car cette cure coûte environ 300 balles. Le quart d’un SMIC. Oui, Mesdames. Parce que la vérité, c’est qu’il ne faut pas souffrir pour être belle, il faut surtout payer. (En partant du principe que ne pas avoir de cellulite, c’est être belle, mais je vous refais pas tout le discours d’avant, vous avez compris l’obsession de la gamine.).

D’abord, il y a eu le choix de l’institut. Et le courage d’y aller. Oui, c’est bête. Mais moi, je ne vais absolument jamais dans un institut. Je ne me fais pas épiler, je ne me fais pas les ongles des mains et encore moins ceux des pieds, et les seuls soins que je m’accorde sont ceux du dimanche soir devant la télé, quand je ne les oublie pas. En somme, aucune raison d’aller en institut. Sauf ce jour.

J’ai poussé la porte avec ce sentiment d’illégitimité qui me pesait sur les épaules. Et, à l’instant où j’ai ouvert la bouche, j’ai libéré le diable.

Alors même que je n’avais pas connaissance de la moitié des choses qui m’entouraient, j’ai voulu tout essayer. Et c’est ce que j’ai fait. J’ai d’abord demandé s’ils avaient de la place pour une manucure. Ils ont jeté un coup d’œil à mes mains et se sont aperçus que mes ongles étaient aussi courts que la liste de mes ex. Je me suis donc rabattue sur une épilation du maillot, avant de me rappeler que ce fameux maillot était plus un gros pull en laine d’hiver. (Vraie question : quand on se fait épiler le maillot, on vient vraiment avec la touffe en bordel ?) Enfin, parce qu’il semblait pour moi impossible de demander directement du LPG, j’ai fait une séance d’UV. C’était long, nul, et j’étais toujours aussi blanche. Du coup, je me suis finalement lancée. Devant le regard mi-jugement mi-joie de la propriétaire du cabinet esthétique qui ne comprenait pas mon entrain devant toutes les prestations, je lui ai révélé la vraie raison de ma venue : détruire mon terrain de cross.

Elle m’a donné rendez-vous quelques jours après pour la première séance. Celle qui permet d’évaluer les dégâts. Parce qu’elles — les femmes qui travaillent dans cet institut —, elles sont (malheureusement) bien conditionnées. Autant vous dire de ne pas aller les voir si vous êtes un peu complexée. Car elles ne seront pas de celles qui vous disent que vous êtes belles avec vos bourrelets, avec vos ongles rongés, avec vos pores imparfaits et avec vos poils qui dépassent. Non, elles, ce sont des clichés de la féminité. En tout cas, celles de mon institut. Et surtout… ce sont des commerciales. Des vraies de vraies commerciales. Ce qui veut dire que ce que tout le monde considère comme « un peu de cellulite » revient à leurs yeux à « y a vraiment du travail ».

Dans un premier temps, je ne l’ai pas vu venir. Ma conseillère m’a installée dans la salle, donné un gel pour masser mon cul et surtout une combinaison hypermoulante que je vais me faire un plaisir de vous partager, en mode Kim Kardashian sur le tapis rouge ou Britney dans Toxic.

CADEAU

J’ai donc étalé mon somptueux corps sur la table de massage, indiqué à l’esthéticienne que j’étais prête et patiemment attendu. C’est à ce moment qu’elle s’est transformée en redoutable vendeuse anticellulite. Parce que, pour vous faire bref, j’avais trouvé une cure bien moins chère que sur le marché. Deux cent dix euros les dix séances. Presque une centaine d’euros de moins que dans d’autres instituts. Alors, vous vous en doutez, pour faire des bénéfices, elle devait creuser ailleurs. Et le « ailleurs », c’était tous les soins qui entourent la cure. Crème, gélules, thé détox : la totale.

Pendant vingt minutes, elle m’a vanté les bienfaits de cette crème miraculeuse, de ces gélules magiques, des thés qui « ne sont pas comme les autres ». Ah bon ? Pourquoi ? Tu fous de l’herbe fraîche dedans ?

Je ne suis absolument pas la personne à qui tu peux vendre ce genre de produits.

Et pourtant, pendant cinq petites secondes, j’ai hésité à acheter sa crème à 50 balles. Surtout lorsqu’elle a insisté sur le fait que, sans cette crème, évidemment, la cure LPG n’avait que peu d’intérêt. D’un côté, elle n’avait pas tort. Sa logique semblait être la bonne. Le LPG a pour but de casser les capitons et libérer la graisse. Ensuite, il faut l’évacuer pour ne pas qu’elle se réinstalle et reforme de la cellulite. Mais d’après moi, le meilleur moyen de détruire ces graisses et de se détoxifier, c’est encore de faire du sport et plus encore de faire confiance à son corps (cf. le job des reins, par exemple).

Après 20 minutes à la laisser me laver le cerveau, je suis enfin sortie, sans thé miracle. Mais ce qui me rendait encore plus folle, c’était de voir le nombre de femmes qui, elles, achetaient TOUS les produits complémentaires. Et c’est à ce moment que j’ai compris — même si j’en avais déjà conscience — à quel point la « beauté » (et j’insiste sur les guillemets) est un marché très lucratif. Je vous mentirais en vous disant que, consciente de cette réalité, je n’ai pas pris les dix séances. C’est faux. Je continue la cure. Et, malgré tout, elle me fait du bien. Même si pour le moment, je ne vois pas trop les résultats. (Je reconnais aussi que, si je n’ai pas acheté les produits qu’elle m’a conseillés, j’ai quand même investi dans du thé vert. Et ça aussi, ça ne peut que me faire du bien.)

Pour le moment, tout ça me laisse bien perplexe. J’ai un vrai doute sur le fait que ça fonctionne, mais une fois encore, je ne suis qu’au début. Comme une conne, je n’ai pas fait de photo « avant ». Donc je ne pourrai pas vous faire un avant/après. En revanche, je vous ferai un petit update, si vous voulez. Cela étant dit, avant même de pouvoir vous en parler complètement, je peux d’ores et déjà affirmer que tout ça est un système bien huilé pour nous faire consommer. Parce que, certes, cette technique devrait quand même avoir quelques effets sur mon corps, mais une fois débarrassée de ma cellulite, même partiellement, ces agents de la beauté s’empresseront d’appuyer sur d’autres complexes — qui n’existent même pas encore — pour continuer à me vendre leurs prestations ou leurs produits. Je ne leur en veux pas. Chacun son métier, chacun ses combats. Et finalement, toutes les femmes semblent se sentir vraiment plus belles quand elles quittent leur institut ; le sujet est bien plus complexe… C’est ce que j’ai compris, ce jour où j’ai fait du LPG.

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9 réponses

  1. Gibert Yvette dit :

    Merci beaucoup pour ton retour d’expérience. Après deux semaines d’hésitation je n’ai finalement pas craqué et j’ai préféré ma m’inscrire à la salle de sport 🤣🤣🤣 mais j’avoue que tout le monde faisait l’éloge de cette technique et ça m’avait tenté (car moi aussi j’ai un complexe avec ces cratères qui me colle aux fesses 🤣🤣🤣)

    Bref comme toujours c’est un plaisir de te lire! J’ai hâte d’être à jeudi prochain !
    Belle fin de semaine à toi !

  2. Angelique Toux dit :

    Je travail dans le cosmétiques 😂 et je suis une très mauvaise vendeuse car beaucoup trop humaine. Tu as totalement raison. Dans certaines formations ils nous explique qu’il faut crée un problème pour fournir la solution. Ride anti ride par exemple. C’est encore pire pour les cm ”en trop”

  3. Coco dit :

    Eh oui difficile de résister . Le mieux faire comme moi ne jamais y aller . J en connais autour de moi qui ont dépenser des fortunes en crème gel etc… finalement sont pas plus jolies et moins ridées ..
    mais je comprends qu on peut se laisser tenter . Et quand ça devient un réel complexe ou mal être … alors il faut consulter un psy.. c est remboursé par la sécu au moins !j

    En plus ton truc de lpg ça doit faire super mal non ?

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