La Moins Bonne de tes copines

Ce jour où j’ai eu une coach

bkg B Club

Mercredi 12 octobre. Au milieu de nos questions existentielles et discussions sans fin, Marina, ma correctrice, celle qui vous fait croire que je suis douée en orthographe, et surtout mon amie, m’a proposé de me mettre en lien avec sa coach. Sans hésiter, j’ai accepté (et je l’ai même écrit).

C’est ainsi que mon histoire avec Emeline a commencé.

On a d’abord fait un appel d’une petite heure pour évaluer le sujet. Pour être honnête, mon égo me boostait. Après tout, je vais à la salle presque tous les jours, et ce depuis une bonne année. Dans ma tête, j’étais plus ou moins sportive, ou en tout cas, capable d’assurer un minimum.

Je lui ai donc exposé les faits. Mon alimentation, mon rythme à l’instant T et où je voulais aller. C’était acté : elle devenait ma coach officielle.

Dès le mardi qui a suivi, j’avais mon programme. Et j’ai eu mal. Très mal. Parce que si j’allais déjà à la salle, avec une coach qui prépare des séances bien définies, le délire est complètement différent. Dans ce cas, tes jambes brûlent, tes bras souffrent et même tes orteils te demandent que ça cesse. Et pourtant, j’ai continué. J’ai continué jusqu’à ce jour où je vous écris.

Samedi 12 novembre. Un mois après avoir pris la décision d’embaucher une coach.

Assise dans mon canapé, je peine à taper ces mots sur mon clavier. Pourquoi ? Parce que je viens de bouffer l’une des séances les plus dures de ma vie. J’en rajoute à peine. J’ai enchaîné dix minutes en variant les plaisirs, passant de burpees à goblet squats et de moutain climbers à supermans. Et quand je dis « supermans », je parle pas d’Henri Cavill qui nous fait toutes fantasmer. Non. Je parle de ce truc de merde qui oblige ton corps à être entièrement gainé et à s’allonger au maximum. Un bordel. Dix minutes à suer de la raie, à galérer à respirer, à trembler juste en tenant ma gourde. C’était dur ! Et ce n’était pas la fin. Car après cinq séries séparées par quelques secondes de récupération, ma coach m’avait foutu dix minutes d’escaliers. Dix minutes d’escaliers. Ma grande, si on a inventé les ascenseurs, c’est bien pour une raison. Pour vous faire un schéma, des escaliers classiques ont environ une quinzaine de marches. En dix minutes, j’en avais monté au moins mille.

Alors, sans surprise, j’étais morte. Presque au sens propre. Et malgré tout, je me sentais bien. Parce que dans ce coaching, et plus largement dans le sport, j’y trouve mon équilibre. Je me sens forte, en bonne santé, et surtout bourrée d’hormones. Un joli cocktail qui me permet d’être bien dans ma tête, encore plus que dans mon corps.

L’histoire aurait pu se terminer là. En vous vantant les bienfaits du sport, bienfaits que l’on connaît déjà tous. C’est d’ailleurs ce que j’ai fait, quelques jours avant ce coaching de l’enfer, sur Instagram, avec une vidéo de moi à la pole dance.

Cette vidéo, je l’ai partagée égoïstement. Parce qu’elle m’a permis de me rendre compte que je suis belle, musclée, et pas du tout comme je le pensais.

Dans mon imaginaire, je suis un peu trop grosse, avec beaucoup de cellulite, des bras pleins de graisse et une bedaine non négligeable. Alors, quand je me suis vue la tête en bas sur cette vidéo, bien que rien ne soit parfait, je me suis trouvée belle et j’ai voulu l’inscrire dans mon crâne. Et puis, je me suis dit que ça aiderait d’autres femmes. Celles qui, comme moi, sont complexées depuis toujours, normées par des codes complètement faux et au régime depuis leur adolescence. Parce que c’est ça, notre réalité. 90 % des femmes sont en constante recherche de changement de corps (ceci est un pourcentage inventé, mais qui ne me semble pas déconnant…).

Alors, j’ai partagé. Et vous avez su recevoir. Des messages d’amour, de soutien, et aussi vos propres peurs. Peur du jugement des autres, mais surtout du vôtre. Ce jugement qui vous empêche de faire de la pole dance, de vous inscrire à la danse ou de faire de la piscine. Ce jugement sur nos corps qui nous empêche de vivre. Ce jugement qui nous empêche de faire du sport, alors même que ce truc est le meilleur médicament pour la santé mentale.

Et, au milieu de tout ça, j’ai reçu un message négatif. Un seul. Un qui m’a surprise, mais qui m’a surtout peinée. D’ailleurs, il n’était pas tellement négatif. Il était surtout triste.

Dans ce message, cette abonnée me confiait une réalité. Sa réalité. Mais avant de vous partager celle-ci, je dois souligner l’intelligence de cette personne et la délicatesse de nos échanges. Car, bien que dans un premier temps, elle m’ait présenté son mécontentement, nous avons pu discuter et nous comprendre. Et voici donc pourquoi je tenais à en parler.

Poke Valentine si tu passes par là, tmtc qu’on a discuté et 0 rancune <3

Appelons-la Valentine.

Dans ce message, Valentine a réussi à me faire culpabiliser. Culpabiliser d’avoir combattu mes propres démons et de partager mon mode de vie sain. Je m’en suis voulu, de vous montrer mon quotidien qui n’est finalement pas celui de Lamoinsbonnedetescopines, mais au contraire, d’une nana qui prend soin d’elle, mange bien, fait du sport et accorde du temps à ça. Je m’en suis voulu, parce que ces personnes qui pouvaient s’identifier avant ne le peuvent plus. Et puis, je lui en ai voulu à elle. Je lui en ai voulu de m’avoir envoyé ce message, alors même que tout n’était pas vrai. Certes, j’ai cette chance d’adapter mon emploi du temps pour aller au sport, mais finalement, n’y vais-je pas comme tout le monde chaque soir à 19 heures après ma journée de taf ? Certes, je gagne bien ma vie pour me payer pole dance, aquabike et salle, mais ne me privé-je donc pas d’autres choses pour ça ? Certes, j’ai un rythme de vie qui favorise ce quotidien, mais n’ai-je pas décidé d’être célibataire et sans enfant ?

Évidemment, tout ça est tiré par les cheveux, et oui, on le sait, ce n’est pas si simple. Bien sûr, il y a des facteurs externes. Mais le message de fond est tout de même là : si tu le veux VRAIMENT, tu peux y arriver.

Puis, après la culpabilité est venue la discussion. Celle qui te fait prendre conscience de l’autre. Et c’était ça, le vrai problème. Valentine, elle avait des doutes, des peurs, des insécurités que j’apaisais via mon compte. Via mes stories, elle trouvait du réconfort, alors même que moi, j’étais malheureuse. Il y a quelques mois, je me détestais, je me trouvais grosse et en mauvaise santé. Mais sur mon compte, on y voyait du body positive. Body positive que je prône… s’il est sincère.

Valentine et moi avons continué notre échange, appuyant sur le fait que le problème est toujours bien plus profond que l’apparence elle-même. Parfois, les réseaux sociaux nous font du mal, même si la personne qui a posté était bien intentionnée. Je me suis excusée. Excusée de l’avoir confrontée à ses propres démons, ceux que je n’ai que trop bien connus et que je connais encore parfois maintenant, ceux qui te font plonger dans un paquet de cookies ou te poussent à commander un gros burger.

Et après tout ça, toujours dans mon canapé avec des courbatures, je n’avais qu’une envie, repartir pour une séance à la salle. Non pas pour avoir un corps parfait, mais pour ne plus jamais ressentir ce que Valentine ressent. Car ce sentiment, seul le sport m’aide à le combattre. C’est ce que j’ai compris, ce jour où j’ai eu une coach.