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Ce jour où j’ai eu 32 ans

bkg B Club

Lundi 27 février 2023. Mon anniversaire. Je prends une année de plus, des dizaines de rides, me rapproche de la tombe et me rappelle que je vieillis. Mon anniversaire, il y a encore quelques années, j’adorais le fêter. Et puis, finalement, j’ai pris conscience que c’était peut-être pas logique de le célébrer. Après tout, quand on y pense, on devrait plutôt pleurer chaque année.

Heureusement pour moi, je suis bien entourée. Et je ne parle pas que de mes cernes. Autour de moi, j’ai des amis qui, pour m’aider à surmonter le fait que mes seins descendent de plus en plus bas alors qu’ils n’ont toujours pas allaité, m’emmènent en week-end.

C’est ce que je souhaite pour cette occasion spéciale : des expériences. Oui, je fais partie de ces connasses qui à la question « Tu veux quoi pour ton anniversaire ? » répondent « J’ai besoin de rien, à la limite, offre-moi de ton temps ». Mes proches, eux, ils aiment l’idée. Et c’est ainsi que, pour mes 32 ans, ma meilleure amie et moi, nous sommes parties en Pologne.

Alors, j’imagine votre surprise (c’est faux, tout le monde s’en tape, mais laissez-moi romancer ma vie). D’abord, pourquoi la Pologne ? Eh bien, aussi étonnant soit-il, durant cette période spéciale, j’aime l’est du monde. Bon, en réalité, je n’y suis allée qu’une fois ; c’était à Prague, il y a déjà plusieurs années. Mais j’avais adoré. Et puis, j’avais croisé Tobias Eaton. Si tu as pas la réf, je te le mets là, et crois-moi, ça fait aimer Prague.

Bonjour Monsieur

À la base, moi, je voulais aller à Vienne. Mais voilà, Vienne, c’est super cher et ça nous arrangeait pas. Alors, on a regardé la Pologne, plus précisément Gdansk. Vous en faites pas, moi non plus je sais pas comment ça se dit. Gdansk, pour votre culture, c’est un petit port dans le nord du pays. C’est aussi la capitale mondiale de l’ambre. Toujours pour votre culture. Et c’est surtout une ville trop mignonne, avec plein de restaurants, pas loin d’une plage, des petits cafés cocooning et des Airbnb abordables. Tout ce qu’il nous fallait.

Évidemment, c’était pas si simple. Parce que pour arriver à Gdansk, il fallait prendre l’avion. Non : il fallait prendre la voiture, une navette et l’avion. Et surtout, il aurait fallu penser à s’enregistrer en ligne pour éviter que RyanAir ne nous encule de 55 € chacune au moment d’arriver au guichet. 110 € qui se sont envolés. Plus cher que l’aller-retour. Sacrés connards. Mais nous avons finalement réussi à nous installer dans nos sièges, pas très grands et peu confortables, en direction de Gdansk.

Le problème de la Pologne, sans surprise, c’est qu’il fait froid. Et qu’il neige. D’un coup, comme ça, comme notre pluie normande qui ne nous prévient pas avant de venir défoncer nos bouclettes. Sauf que chez eux, c’est du verglas. Du coup, pour atterrir, tu prends une heure de plus pendant que les gugusses d’en bas salent une piste de plusieurs kilomètres. C’est long. Et puis, quand enfin les gens applaudissent le pilote pour le travail qui lui fait gagner des milliers d’euros, tu te cailles le cul en sortant. Finalement, c’était pas si mal dans l’avion.

Mais on y était. Et malgré tout, on était heureuses. Heureuses de voir de la neige, de voyager, d’être ensemble… et de découvrir la ville. À dire vrai, le premier soir, on a fait simple. On a pris le premier restau du coin et c’était très bien. On a goûté à la gastronomie locale, composée principalement de pain et de peu de légumes, mais franchement bonne. + 1 pour Gdansk.

Le dimanche, on s’est repris des flocons dans la gueule. Alors, on a décidé d’aller au musée de la ville — l’unique attraction, pour être honnête — : le musée de la Seconde Guerre mondiale. Bon, je ne vous cache pas qu’en termes d’ambiance, on a connu mieux. Parce qu’outre le thème qui parle de lui-même, il y a la durée. Et pas les chocolats (Ladurée/la durée, fais un effort). Trois heures trente. Trois heures trente de photos de gens morts, torturés, martyrisés, détruits. Trois heures trente d’Histoire, de dates, de culture. Trois heures trente intéressantes, mais qui ne sont pas la référence d’un moment festif.

Heureusement, mon anniversaire, c’était le lendemain. Le lundi. On voulait faire fort. Tout était réuni pour qu’on passe une superbe journée. Mais c’était compter sans cette connasse de grippe qui ne m’avait pas vraiment quittée depuis deux semaines. Elle avait eu l’obligeance de me laisser un peu de répit durant le début de ce week-end pour revenir petit à petit le jour J.

Elle a refait surface dès le matin, avec ma voix roque qui me permettait d’imiter Garou, pour me suivre jusqu’au tram polonais qui nous a menées à Sopot, ville balnéaire où les cygnes étaient à deux doigts de bouffer les gamins et les mouettes de les embarquer avec elles au milieu de la mer. On a profité du moment, du port, de la magnifique plage, d’un chocolat chaud et de sa chantilly, d’un gâteau maison et de bougies. Et j’ai résisté pour apprécier cette chance. On était bien, dans un endroit qu’on n’aurait pas pensé visiter et dans lequel on ne retournerait sans doute jamais.

Et puis, j’ai fatigué. Mon amie, elle, elle voulait faire la fête. Elle avait envie de boire des verres, des cocktails et de rire aux éclats. Moi, si j’ouvrais la bouche, je perdais ma voix. Vraiment. Alors, j’ai proposé de rentrer, juste pour « faire une petite sieste ». Mais le problème, c’est qu’en Pologne, si tu rentres à 17 h, difficile de te remotiver à 19 h. Bon, ça, me concernant, c’est la même chose en France. Me jugez pas, j’ai 32 ans maintenant. Je commence à être vieille.

20 h, donc, le soir de mes 32 ans, je me suis retrouvée au lit, défoncée de fatigue, poumons remplis de glaire, devant une vidéo d’Hilona, star de la téléréalité qui balançait sur son ex qui lui avait volé de la thune (rends l’argent, Julien !!). Dans ma tête, voici ce que j’aurais aimé vous raconter…

« C’est lundi 27 février 2023 et je pars en Pologne. Durant le voyage, accolé à moi, un homme, 35 ans, les cheveux aussi noirs que ses yeux, s’endort sur mon épaule. À son réveil, il me demande mon numéro, que je lui donne parce que j’ai chaud au cul. Comme dans une belle histoire d’amour, et sans que je sache comment il est au courant — même si c’est pas très compliqué d’avoir l’info étant donné que je raconte ma vie à 100 000 personnes sur Instagram —, il m’a envoyé un message pour mon anniversaire. Et puis, il m’a proposé un verre, que j’ai accepté parce que j’étais en parfaite santé et au top de ma forme. On a baisé toute la nuit dans une chambre d’hôtel incroyable avant de se quitter au petit matin en se promettant de ne jamais s’oublier. »

Ça, c’est l’histoire que je ne vous raconterai pas. Parce que moi, je me suis endormie, un Doliprane dans la gueule, les oreilles bouchées, avec pour seul repas un Mc Do polonais qui, soit dit en passant, était très bon. Je n’ai évidemment pas été capable d’aller faire la fête, lâchant ma pote qui a subi sa dernière soirée entourée de mes mouchoirs et tentant de se protéger de mes microbes.

Je me suis réveillée le lendemain, jour de départ, en priant pour que tout passe vite. Je survivais, je souffrais et je ne rêvais que d’une chose : arriver chez moi, me faire couler un bain, mettre une bouillotte dans mon dos et dormir. Et il est certain que ce jour-là, j’ai compris que j’avais 32 ans.