Vendredi 31 décembre 2022. Mon petit cœur s’en est pris un coup à quelques heures de la nouvelle année. Le sens du timing, finalement. Ce même timing qui a fait qu’on a décidé de rompre. Mais ça, c’est pas le sujet. Le sujet, c’est tout ce qu’il y a après. Après avoir perdu la personne dont tu es amoureuse. La minute qui suit la séparation, celle après le dernier baiser et celle que tu vis après avoir passé la porte. Il est 1 h, il fait nuit, tu rentres dans ta voiture et tu pleures.
Parce que les jours d’après, tu navigues entre les émotions. Attention, avant même de commencer mon récit, je me permets une précision : cette fois, dans mon cas, je n’ai pas traversé toutes les étapes. Parce que cette séparation, elle a été douce et facile. Mais elle m’a rappelé de mauvais souvenirs. Ceux que j’ai pu vivre avec des enculés, des mecs toxiques et des boloss. Voici donc un bref résumé.
Dans un premier temps, tu es triste. Juste triste, tu t’installes dans ta salle de bain à poil et tu pleures. Tu t’imagines dans un clip et tu subis. Parfois, tu croises ton regard dans le miroir, et tu ne peux pas t’empêcher de te demander comment tu es quand tu chiales. Et c’est à ce moment que tu arrêtes. Ne me mens pas, on l’a tous fait.
Et puis, après la peine arrive la merde. La vraie. Parce que d’abord, tu refais tout le scénario. Pas seulement de la rupture, mais de toute la relation. Tu reprends depuis le début. Tu revois la rencontre, et tu pleures de nouveau. Les bons moments, et tu pleures encore. La séparation, et tu pleures toujours. Tu t’en veux, tu te remets en question, tu culpabilises et tu te dis que tu aurais pu faire mieux. À cet instant, l’échec de la relation, c’est que de ta faute. Tu te convaincs que les reproches n’étaient peut-être pas si légitimes, que ce qui n’allait pas aurait pu aller, et que tu es une sale conne capricieuse.
Mais là, comme par magie, le négatif arrive. Comme un coup de ton égo, un instinct de survie, il vient te sauver la mise. D’un coup, dans ta gueule, tu revois les chaussettes sales qu’il laissait traîner au sol, l’indifférence qu’il te faisait parfois subir, le manque d’affection qu’il te proposait pour seul amour. Tout. Tu revois tout ce qui rendait votre relation impossible. Et avec toute cette réalité, les questions : m’aimait-il vraiment ? N’aurait-il pas fait plus si c’était le cas ? Pourquoi ne m’a-t-il pas couru après ? Parce qu’évidemment, arrive le moment où tu lui en veux et finalement, c’est presque aussi difficile que de s’en vouloir à soi. Car dans la critique de l’autre, tu finis par te brouiller et oublier votre réalité. Celle où vous parliez, où il te donnait son point de vue avec raison, et où vous saviez. Vous saviez pourquoi. Cette réalité-là, après quelques jours, elle s’évapore dans les méandres de ton cerveau qui tourne en boucle, pour devenir une séparation avec un gros enculé qui doit déjà être en train de niquer une meuf, voire deux.
Cet instant, c’est le pire.
Celui qui fait le plus mal, celui qui salit l’image de l’autre, et la tienne en passant. Et surtout, c’est celui qui est le plus dangereux. Parce que, durant ce court moment, tu es capable d’envoyer un message. LE message. Le message qui dira qu’il ne t’a jamais aimé·e, qu’il n’a rien fait pour vous, que tout aurait pu être différent et, au passage, que tu as mal et que c’est de sa faute. Tout ça dans un lac de larmes. Évidemment.
À toutes les personnes qui arrivent à surmonter CE message. Ne vous en faites pas, il y en a un autre. Un qui vient après ces différentes phases. Le fameux SMS que tu veux envoyer après une petite semaine de rupture, quand ton cœur est un peu apaisé, quand les pleurs sont moins nombreux, quand le sourire se dessine gentiment et quand les nuits sont légèrement plus longues. C’est à ce moment que tu as envie de l’envoyer, ce message qui dit qu’il te manque. Le traître. Parce que lui, il est sensé. Lui, il est vrai. Lui, il est réfléchi. Car oui, il te manque. Évidemment qu’il te manque. Là, il faut respirer et ne pas succomber. Il faut te rappeler que si vous n’êtes plus ensemble, c’est pour une raison. Et que, logiquement, il n’y avait pas d’autre issue. Et, par conséquent, que tu mérites une relation saine, qui réponde à tes besoins et, surtout, qui te rende heureux·se.
Alors, pour surmonter ce moment, j’ai ma petite technique.
Quelques jours après la rupture — en partant du principe que ça en était une étant donné qu’on n’était même pas ensemble —, j’ai passé ces étapes d’une certaine manière. Et j’ai ressenti ce manque. J’espérais qu’il reviendrait en regardant mon téléphone toutes les cinq secondes, chaque notification me décevait et je tapotais des messages avant de vite les effacer.
Mais, pour lutter, j’ai eu une brillante idée : le porno. J’ai lâché mon portable, j’ai récupéré mes sex-toys et je me suis installée sous la couette avec mon ordi. J’y suis allée fort. J’ai sélectionné mon meilleur ami, le Womanizer, mais aussi ma grosse bite en silicone. Celle-là, elle est hard. Même moi, quand je la vois, j’ai un peu honte. Je la classe dans les jouets les plus cheaps et beaufs de tous les jouets. Mais je la kiffe. Et je dois avouer que, lors d’une rupture — en tout cas, celle que j’ai vécue —, il y a une putain de tension sexuelle. Le fameux câlin d’au revoir. Nous, on a résisté. Mais évidemment, les conséquences étaient terribles. Aussi surprenant soit-il, ma chatte était en ébullition. Il me fallait donc le Lidl du sex-toy, ma valeur sûre.
J’ai sélectionné un film, sans trop chercher loin, évitant bien sûr les scénarios de rupture. J’ai appuyé sur « Play » et j’ai attaqué. Soft d’abord, avant d’entrer rapidement dans les choses sérieuses. Au sens propre comme figuré. Et là, le drame.
En quelques minutes, j’ai atteint l’orgasme.
Pendant une poignée de secondes, il m’a fait tout oublier. De COURTES secondes. Parce qu’à la dernière, la plus intense, lorsque mon vagin s’est crispé, mon cri a retenti et mes orteils se sont tendus, j’ai pensé à lui. Il est arrivé, sans prévenir, sans frapper à la porte, d’un coup. J’ai ressenti ses mains sur mon corps, ses baisers dans mon cou et son érection sur mes fesses. Alors, comme dans une mauvaise scène de série B, je me suis mise à pleurer, en plein orgasme, bite en silicone dans la chatte, Womanizer sur le clito. Et j’ai rigolé. J’ai rigolé en ressortant le tout de sous la couette, en les posant à côté de moi comme s’ils étaient mes partenaires et en pleurant. C’était ridicule. C’était drôle et ridicule. Mais c’était bon. C’était la guérison.
J’ai tout rangé, respiré un coup, mouché mon nez et repris mes esprits. Tout allait bien. Tout irait bien. Dans une obscurité qui blessait, j’y croyais. J’étais sereine, et pas uniquement à cause des hormones que je venais de libérer. J’étais sereine, en accord avec la réalité, même si elle restait triste. Bien sûr, j’espérais. J’espérais que les choses s’arrangeraient, que le futur s’adoucirait et surtout, j’espérais faire les bons choix. Mais j’acceptais. J’acceptais le chemin, la réalité et le présent. Car qu’importait la suite, que cette histoire soit vraiment terminée ou non, je savais que les choses devaient se passer ainsi. Je le ressentais, comme une évidence.
C’est ce que j’ai compris, ce jour où j’ai vécu une rupture.