Été 2023. Peut-être le mercredi 9 août. Un mercredi, quoi qu’il en soit. J’ai rencontré celui qui allait devenir pour vous CookieBoy et je n’en avais aucune idée. Pour faire simple, et parce que je sais que vous aimez, voici donc un contexte. Attention, pour prévenir vos cœurs sensibles et être totalement transparente avec vous qui êtes le sang de la veine, certaines choses (beaucoup de choses) sont modifiées. Le but est de rire et d’oublier nos existences de merde, alors il faut bien romancer un peu.
CookieBoy est donc entré dans ma vie sans être CookieBoy, mais simplement Boy.
C’était déjà pas mal quand on sait la difficulté qu’on peut avoir pour rencontrer un homme. Boy, c’était un coup de l’univers, faute d’être un coup tout court. Il parait qu’on trouve l’amour de deux principales manières : au travail et grâce aux amis. Ce qui ne m’arrange pas, car je taffe de chez moi avec pour seul compagnon un chien borgne et tous mes potes sont comme moi, à savoir des gros bosseurs qui ont peu de vie sociale et/ou des ermites qui ne quittent leur nid qu’en cas d’extrême nécessité. En d’autres termes, je ne peux pas vraiment compter sur eux. Mais, il y a une chose que je fais tout de même et sur laquelle je n’avais pas misé. Je pourrais vous dire que c’est le sport, vous racontez comment CookieBoy est venu m’aider à la salle, comment ses gros muscles ont soulevé la barre avant de me soulever tout court. Mais ce serait faux. La chose sur laquelle je n’avais pas misé, ce n’était pas le sport. Non. C’était la bouffe. Je mange, beaucoup. Et visiblement, la plupart des êtres humains aussi.
Tous les mercredis, dans mon village, nous avons un foodtruck de l’extrême, un qui fait des burgers de qualité, des frites dans des énormes cônes, des sodas pour arroser ça, le tout servi avec un grand sourire. Ce monsieur, c’est le rayon de soleil de nos semaines. Là encore, je vous mens, car en trois ans, je n’y suis allée que trois fois. Mais dans ma tête, je suis une fidèle. C’est donc un mercredi que je me suis rendue à la rencontre de ce Belge au grand cœur et surtout au grand bide. Je lui ai commandé un burger, un gros burger, pour noyer tout ce que j’avais à noyer. Je vous refais pas l’histoire, je pense que nous vivons dans le même monde et potentiellement dans cette même génération de merde, ou tout du moins dans cette même vie trop difficile pour nos petits esprits sensibles. Ce qui est sûr, c’est que j’avais besoin d’un gros burger. Et CookieBoy aussi.
Le seul défaut de ce foodtruck, c’est que ce qu’il sert est tellement bon que c’est très long.
Et ça explique donc pourquoi je ne m’y rends pas plus. La patience, c’est pas mon fort. Sauf quand CookieBoy est là. Cette fois, bien que j’aie dû attendre plus de 45 minutes pour mes frites, le temps est passé bien vite puisque cet homme a fait le show. J’aime ça, les êtres humains pas prise de tête qui discutent, qui échangent, qui rigolent, qui sont gentils et bienveillants. C’était son cas. Sans aucune arrière-pensée, en tout cas me concernant, nous avons parlé, pendant presque une heure donc. Il s’intéressait à moi, me posait des questions, riait de mes réponses et en redemandait. Très vite, il a découvert mes réseaux sociaux. C’est toujours un point sensible car, croyez-le ou non, les hommes peuvent en avoir peur, pour mille raisons. Mais c’est un autre sujet. Parce que lui, il trouvait ça impressionnant et dans ses yeux, je rayonnais.
Quelques jours après, CookieBoy m’a contactée sur Instagram et je lui ai donné mon numéro. Pendant des semaines, nous avons discuté, nous nous sommes recroisés dans le village, au Lidl ou chez la pharmacienne. Rien de bien fou. La vie, tout simplement. Mais chaque fois, c’était léger, doux et gentil. Gentil, vraiment. Petit à petit, j’ai fini par me détester de ne pas plus aimer CookieBoy. Lui, je le voyais, il avait les petits papillons, bien que je n’aie rien fait pour les provoquer, je vous assure. Non, ça me tenait à cœur de ne pas le faire souffrir. Mais pour autant, c’était un mec cool, et avoir des mecs cool autour de soi, c’est chouette. En revanche, avoir des mecs trop gentils, c’est limite lourd.
D’abord, j’ai eu droit aux cookies.
Je reconnais que ça, c’était vraiment sympa et, qui plus est, excellent. CookieBoy est cuisinier, alors forcément, ça aide. Rapidement, il m’a envoyé plus de messages avec toujours plus d’attentions. Après les biscuits, il m’a servi la tarte Tatin et le cheesecake, puis le poulet coco. La bouffe, ça m’allait bien. Puis, j’ai reçu un chèque cadeau qu’il avait récupéré à son taf, une bougie qui lui avait fait penser à l’une de nos discussions et une invitation à la fête foraine du coin. CookieBoy était attentionné, mais moi, je commençais à flipper. Jusqu’au jour de trop.
Un samedi, un peu en dep et sous la pluie, je suis allée me réfugier chez ma meilleure amie pour vivre une de ces après-midis qu’on aime tant, à savoir à ne rien faire sous un plaid devant un film ou la PlayStation. C’était notre programme. Je l’avoue, ce jour-là, c’est moi qui ai écrit à CookieBoy. Rien d’exceptionnel ; après tout, nous sommes potes. Mais lui, d’un petit message pour raconter une connerie, il en a fait une discussion de trois heures au cours de laquelle il m’a demandé ce que je faisais. C’est ainsi que je lui ai parlé de la Play 5. Attentionné et intéressé, il m’a posé plein de questions, en commençant par : « Tu veux t’en acheter une, nan ? » Évidemment que je voulais. Les jours ont défilé, je n’avais toujours pas de console, mais lui, il n’avait pas oublié. Et c’est ainsi qu’un matin, j’ai reçu plein de conseils dont je n’avais pas besoin et surtout, surtout, une offre pour une PlayStation. Je sais, vous allez dire que je suis dure. Oui, je le suis. Car cette promo, c’était gentil. C’était gentil, mais c’était trop. En quelques secondes, je me suis sentie maternée, revenant à la primaire, comme une gosse de six ans à qui on tient la main pour trouver le best deal de sucette. Je n’avais pas besoin de lui pour acheter une console, encore moins pour savoir où l’acheter au meilleur prix. Et surtout, je n’avais pas besoin qu’il pense à ça, qu’il prenne 30 minutes de son temps pour me trouver une Play et, au passage, venir jouer à la maison.
J’ai eu un vent de panique, de grosse panique.
Je le voyais me redemander une semaine après si j’avais acheté la PlayStation et s’il pouvait passer un dimanche au chaud à geeker avec moi. Je n’en voulais pas. Ni de lui ni d’un autre. Et c’est ce jour que j’ai compris à quel point les hommes étaient un sujet complexe pour moi. Je reproche à ceux qui ne sont pas attentionnés de ne pas l’être et à ceux qui le sont de l’être. Je veux un équilibre parfait, entre un mec capable de m’écouter et de s’intéresser, et un autre capable de me laisser indépendante et libre. Je suis une relou, en gros. En tout cas, je n’étais pas amoureuse…
C’est ainsi que CookieBoy est parti officiellement en friendzone, pour sa propre sécurité et celle de son cœur. J’ai petit à petit coupé les ponts, cessé de rentrer dans son jeu de séduction et décidé qu’on ne pouvait qu’être amis… ce jour où j’ai rencontré un homme trop gentil.