La Moins Bonne de tes copines

Ce jour où j’ai fait un speed dating

bkg B Club

Lundi 13 mars. Une opportunité est apparue dans mes mails, celle d’une marque avec qui je bossais depuis un moment et qui souhaitait collaborer pour faire un poisson d’avril. Classique. Mais j’aimais l’idée. Le principe était simple : faire croire au public qu’ils créaient une appli de rencontres et que, pour son grand lancement, une soirée speed dating était organisée, soirée à laquelle j’étais invitée. Sans hésitation, j’ai accepté.

Ce que je n’avais pas vu venir, c’est que j’allais être réellement stressée.

Car oui, avant de partir de chez moi, j’avais l’impression d’aller rencontrer un vrai mec qui me plaisait, alors même que je n’avais aucune idée de qui allait être en face de moi. J’avais donc sorti le grand jeu. Maquillage jusqu’au bout des lèvres, pantalon qui moulait mon gros cul, décolleté plongeant, bijoux que j’avais créés et, surtout, boucles sur mes lobes. Sans vous refaire l’histoire que vous avez probablement suivie sur Insta, je ne mets pas de boucles d’oreilles. Pourtant, j’ai des trous. Et pas qu’aux oreilles. Mais aussi aux oreilles. Et à ma grande surprise, ils ne s’étaient toujours pas rebouchés. C’est ce que j’ai constaté ce soir-là lorsque, avec délicatesse, j’ai introduit les bijoux dans les lobes de mes oreilles.

Je me sentais prête. Prête à bosser, mais surtout prête à séduire. J’ai débarqué à la soirée, retrouvé les copines, les équipes et surtout, j’ai rencontré les hommes. Quatre. Quatre hommes, très différents, très charmants et décidés à jouer le jeu. Chacun avait un rôle. égocentrique, sans personnalité, timide, passionné de Babybel ou encore amoureux de son ex. Ils cumulaient à eux quatre les genres de mecs qu’on déteste tous·tes… et qui existent pourtant bien.

Le speed dating n’avait pas commencé et, pour détendre l’atmosphère qui bizarrement était assez stressante, j’ai discuté avec l’un d’entre eux.

Axel. Comme mon neveu. Il partait déjà avec des mauvais points. Coucher avec un mec qui porte le nom de la progéniture de ma sœur, c’était mal barré. Et puis, à dire vrai, je le soupçonnais d’être gay. D’où le fait que j’ai été très à l’aise, d’ailleurs. Au point d’initier ce que je m’apprête à vous raconter…

On échangeait sur nos vies, et surtout sur celle qu’il s’était inventée pour la soirée. Lui, il était timide. Impossible de me regarder dans les yeux, à trifouiller ses doigts, à bégayer et à s’évanouir rien que si une fille lui touchait la main. Jusque-là, rien de bien compliqué. Jusqu’au moment où, en plus de sa timidité, il m’a confié que son personnage était fétichiste des lobes. Fétichiste des lobes ? Comment avait-il pu tomber si juste, devant moi qui, quelques heures avant, bataillais avec mes oreilles pour les rendre plus sexy ? C’était fou. Et surtout, un bon moyen de stimuler ma créativité. Dans un cri excessif qui me caractérise tant, je suis devenue cette artiste aux mille idées à la seconde que je suis parfois. Et là, tout s’est enchaîné. J’avais le scénario. On ferait notre date dans une timidité assez gênante et, lorsque celle-ci serait trop intense pour moi, je quitterais la table, énervée par ce rendez-vous, mais aussi par le fait que mes oreilles, à cause de ces boucles neuves que j’avais mises, subissaient une réaction allergique. Et là, dans un élan d’amour, il me rattraperait, pour me dire combien mes lobes sont magnifiques, avant de les baiser avec délicatesse. Tout ça, vous l’avez vu. Mais pour le plaisir, je vous le repartage.

Mais ce que je n’ai pas raconté, c’est ce que j’ai ressenti lors de ce baiser de lobe.

Parce que oui, quand il m’a embrassé l’oreille, délicatement, l’espace d’une demi-seconde, j’ai eu les papillons, et pas dans mon cœur. Il a activé ma libido. Et ma libido, depuis un moment, elle est particulièrement intense. Pour le dire en d’autres mots, j’ai envie de baiser H24. Même dans mes rêves. Une catastrophe. Alors, quand Axel, cet homme portant toujours le nom de mon neveu, a roulé une pelle à mon lobe, aussi professionnelle sois-je et aussi gay soit-il, j’ai eu envie de lui sucer la bite, lui gober le gland, l’enfoncer dans mon vagin et lui rappeler à quel point la muqueuse utérine, c’est sympa.

Deux secondes. Deux secondes où mon esprit a oublié que j’étais filmée par les équipes de la marque pour laquelle je travaillais, par les autres influenceuses et par les participants. Deux secondes où moi, pourtant si professionnelle, j’ai vagabondé loin. Deux secondes qui ont paru durer une éternité, pendant lesquelles j’ai senti ses lèvres se déposer délicatement sur mon oreille pour repartir, comme un aller-retour orgasmique.

Et puis, tout est redevenu normal. Calme. Au moins dans mon slip.

J’ai commandé un Coca et discuté des derniers potins avec les copines. Je pensais que l’événement était terminé. Jusqu’au moment où on m’a annoncé qu’on était le couple de la soirée. En soi, cela n’apportait rien. Sauf de devoir aller sur « scène » et jouer les amoureux parfaits, toujours pour l’illusion. Mais ce que je n’avais pas réalisé, c’était que, forcément, Axel, à fond dans son rôle, continuerait de vouloir me lécher l’oreille. Il avait raison. Il le fallait. Après tout, j’étais payée pour ces conneries. Et ça, c’est quand même incroyable.

Alors, devant tous, la couronne sur la tête, l’écharpe sur les épaules, j’ai accepté. J’ai accepté de me faire trifouiller une nouvelle fois le lobe par la bouche experte de mon compagnon d’un soir. Il s’est approché avec envie et, alors que je restais figée à contrôler mon clito, il a de nouveau déposé sa langue sur ma peau… jusqu’à en manger ma boucle d’oreille. Sans même que je m’en rende compte, il a retiré le fermoir qui a disparu et s’est retrouvé avec mon bijou dans la bouche.

À cet instant, je suis restée de marbre. L’avait-il avalé ? Je m’imaginais déjà, l’accompagnant sur les chiottes, à attendre qu’il ponde son cake pour récupérer la boucle d’oreille qui, soit dit en passant, appartient à la collection capsule que j’ai créée avec Mélanie, et qui, par conséquent, devait être présentée le lendemain sur Instagram. Je m’imaginais vous expliquer la situation : « Alors, il me manque une boucle, parce que l’autre est dans le troufion d’un connard qui a fait un cunni à mon oreille… » Je m’y voyais, à récupérer son caca et à y faire le tri jusqu’à retrouver le trésor.

En plein suspense que je ne contenais plus, j’ai plongé ma main dans sa bouche, doigts flirtant avec sa langue, fouillant entre ses gencives dans l’espoir de retrouver ma boucle. Et, miracle : elle était là. Calée sur sa glotte, parfaitement encastrée, elle avait trouvé sa place. Comme une nouvelle tendance, un bijou de glotte, elle m’attendait. Dans un silence mi-inquiet mi-gênant, j’ai hésité. J’ai hésité à la récupérer, car c’était beau. Puis, tout à coup, Axel a toussé ; la boucle a sauté jusqu’à mon visage, pour rebondir dans ma main qui s’était hâtée pour l’attraper. Dans la bataille, je n’avais perdu finalement que le fermoir — fermoir qui a été retrouvé le soir même dans mon soutif. Je n’ai pas tardé, après ça. Probablement trop d’émotions en si peu de temps. Et puis, reconnaissons-le, ma mise en scène avait quelque peu dégoûté Axel qui flirtait déjà avec une autre. Il avait raison. J’en avais trop vu. Et je n’aurais sans doute jamais imaginé vivre ce genre de situation, le jour où j’ai fait du speed dating.