Mercredi 10 novembre 2021. Ou peut-être même 2001. Parce que c’est à cette époque que tout a probablement commencé et que mon ex est devenu fan. En 2001, quand mes blagues devaient viser les grains du bac à sable ou ma maîtresse de géographie un peu moche. C’est à ce moment qu’il a dû tomber dans mes filets… jusqu’à encore maintenant.
Alors oui, certaines d’entre vous l’ont déjà entendue, cette histoire. Celle qui raconte que mon ex d’il y a quelques années est aussi celui de CE1, que notre romance aurait pu être un film qui se termine par « ils vécurent heureux », et celle qui n’a pas du tout été une comédie romantique, car la réalité était qu’il avait une passion pour mon anus et que je le soupçonne d’être gay. Cette histoire. Elle-même qui, vous le comprenez, mérite d’être l’une de mes plus bonnes.
Reprenons donc depuis le début.
Appelons-le Jean. Comme dans 387 nuits, il me semble (oui, je me souviens pas des noms que je donne à mes personnages, me jugez pas). Pauvre de lui, il s’agit toujours du même ex. Chères amies, c’est signe qu’il est grand temps pour moi de retrouver quelqu’un. Au moins pour ma créativité. Au plus pour ma chatte. Mais ça, c’est un autre sujet auquel, malheureusement, nous aurons bien l’occasion de nous confronter.
Jean, était mon amoureux de CE1. Avec lui, j’ai découvert les bisous dans les buissons et les premiers papillons dans le cœur — et surtout dans la culotte. Jean, il était beau, gentil et un peu timide. Jean était mon crush de CE1… avant de devenir celui de la fac.
Quelques années plus tard, en 2015 probablement, je cherchais l’amour. Ou quelqu’un. Ou quelque chose. Et quel autre meilleur endroit que Tinder pour ça ? Je n’ai jamais apprécié les applis de rencontres. C’est pas pour moi. D’abord, parce que souvent, c’est pour du cul. Et moi, le cul, je suis pas très à l’aise. Et surtout, parce que les discussions sont stériles, inintéressantes et pompeuses. Mais j’étais sur Tinder. Je swipais en plein cours de sociologie et, au détour de deux connards, je l’ai reconnu. Lui et sa chevelure blonde, ses traits fins et son corps élancé. Jean. Jean était dans mon Tinder. Évidemment, comme la règle l’impose, j’ai swipé à droite. Pour celles qui ont la chance de ne pas connaître Tinder et qui ont besoin de sous-titres : j’ai accepté que nous parlions ensemble.
Très vite, la discussion s’est enclenchée. La prise de nouvelles, les politesses d’usage et surtout, la proposition d’aller boire un verre. Pour être honnête, j’ai dit oui sans une once d’hésitation, car, pour moi — et pour lui aussi, je crois —, il n’a jamais été question d’un rencard. Preuve étant : il m’a invitée à le rejoindre autour d’un billard, dans un bar, avec tous ses potes. Et c’est comme ça que, quinze ans après, j’ai retrouvé mon amoureux de CE1.
Les choses se sont enchaînées rapidement. De ce billard sont nés des échanges de SMS, puis un second date plus intimiste, une bite dans la bouche et une officialisation de couple. Pour faire simple. On est restés ensemble quelques mois, avant que je ne tombe amoureuse, que lui non, que je l’oublie en 24 h, et que lui non. Et c’est là que le sujet devient intéressant.
Parce qu’après cette séparation, moi, je l’ai oublié à une vitesse folle.
Je me suis rappelé que je tombais plus souvent amoureuse de la relation que de la personne, mais que lui, de toute évidence, contrairement à ce qu’il avait pu me dire lors de notre rupture, était bien plus attaché qu’il ne le pensait. Trois mois après, il est revenu avec un mail. Puis six mois après. Puis neuf. Puis toutes les années qui ont suivi jusqu’à présent. Tous les deux, on ne s’est jamais disputés, alors moi, je n’avais aucun souci à continuer à discuter. Au contraire, même, je me disais : « Peut-être que c’est LUI. » Parce qu’après tout, à l’exception du fait qu’il voulait me sodomiser à chaque partie de jambes en l’air, tout allait bien. Entre nous, c’était plus cool. Pas passionnel, pas amoureux. Mais cool. Oui, la relation ne fait pas rêver. Mais après 30 ans à attendre que quelqu’un rentre dans ta vie, tu finis par te contenter du minimum. Et lui, il était un tout petit peu au-dessus.
Alors, il y a quelques mois, on s’est revus. Cette fois, je vous épargne le date. La plupart d’entre vous ont probablement lu 387 nuits, et l’homme à la trottinette, c’est lui. Vous avez l’idée globale : le rencard n’était pas à la hauteur de ce que j’espérais. Et, en plus, il avait une meuf. Pour moi, à partir de cet instant, malgré toutes les années qui nous reliaient, c’était clair : on avait plus rien à faire l’un avec l’autre. Et, même si je ne lui souhaitais pas de mal, je n’avais plus envie d’avoir de ses nouvelles. Non pas par méchanceté, mais simplement parce que sa vie ne m’intéressait plus. Vraiment.
Et c’est maintenant, après 851 mots de contexte, que j’arrive à la raison d’être de cette nouvelle.
Et c’est maintenant, après 851 mots de contexte, que j’arrive à la raison d’être de cette nouvelle. Jean, lui, il n’a pas l’air de penser comme moi. Si moi, je l’ai complètement bazardé de mon quotidien, Jean se tape TOUTES MES STORIES. Tous les jours. Presque à la seconde où je les publie. Depuis ce fameux date. Pardon, mais pouvez-vous m’expliquer… POURQUOI ?
Pour ça, c’est important, une fois encore, de bien avoir le contexte en tête. À la seconde où nos chemins se sont séparés il y a un an lors de notre dernier date, quand il est parti rejoindre SA MEUF, mon ex a commencé à mater toutes mes stories. Et depuis ce jour, je pense qu’il est devenu l’une des personnes les plus assidues sur mon compte. Je le soupçonne même d’avoir acheté mes trois livres. En double.
À plusieurs reprises, j’ai eu envie de lui demander : pourquoi mater toutes mes stories qui, je le rappelle aussi, sont parfois très virulentes concernant mes relations passées, et donc, par conséquent, lui ? Dans mon imaginaire, quand un ex regarde ce que tu fais sur Insta, c’est qu’il te kiffe encore. Mais lui ? Lui à propos de qui j’ai fait des stories hyper violentes à la suite de notre dernier rendez-vous, lui sur lequel j’ai écrit un chapitre pas franchement flatteur dans mon livre, lui qui a une meuf et qui a refait sa vie. Pourquoi ?
À dire vrai, je me fous qu’il regarde mes stories. J’ai même envie de le remercier. Mais je m’interroge presque chaque jour quand je le vois apparaître dans la liste des spectateurs. Et puis, sa meuf, elle est au courant qu’il mate ce que je fais ? Est-ce qu’elle aussi, elle est fan ?
Le pire, c’est qu’il sait que je sais. Même ne serait-ce que par égo, j’aurais au moins utilisé un compte fake ; bien que d’un autre côté, je trouve ça… brave. Il assume. Complètement. Ou alors, il veut que je le voie, jusqu’au jour où…
Dans mon cœur à moi, Jean, il n’a plus aucune chance. Nous n’avons définitivement rien à faire ensemble. Donc, à vous — sans doute plus expertes que moi — de m’éclairer. Pourquoi les mecs font-ils des trucs comme ça ?
C’est ce que je me demande, depuis ce jour où mon ex est devenu fan.