Lundi 9 octobre 2023. Je vous ai déjà parlé de mes histoires d’amour — ou plutôt de non-amour — de ces derniers mois. Celles où je suis tombée amoureuse d’un mec qui n’est pas prêt à s’engager, qui m’a quand même fait espérer un changement qui n’est jamais arrivé et qui, probablement lui aussi fou de moi vu ce corps de déesse, a soufflé le chaud et le froid pendant des mois, me foutant dans un tourment pas possible, éteignant la petite flamme dans mon cœur et même dans mon cul. Ça, je vous l’ai déjà expliqué. Eh bien, quelques semaines plus tard, le lundi 9 octobre tout particulièrement, je ne pensais qu’à lui. Au lui bien. Au lui qui me prenait dans les bras et me faisait me sentir belle, qui me bloquait contre un mur et me baisait un peu trop fort, qui me susurrait à l’oreille que j’étais la seule et l’unique, qui me laissait croire que ce serait pour toute la vie. Ce lundi 9 octobre a été un sacré enculé qu’on ne souhaiterait pas même à sa meilleure ennemie.
Parce que se rappeler un ex qui n’en est pas un, c’est l’enfer.
Bizarrement, pour des raisons qui me dépassent, notre fucking cerveau ne se souvient que des bons moments jusqu’au décrochage ultime. Comme par magie, on oublie toutes ces journées à chialer à cause de ce connard incapable de nous donner ce dont on a besoin ; on oublie tous ces textos envoyés pour le supplier de faire des efforts car on en peut plus de se contenter de miettes que même un pigeon rejetterait ; on oublie que son égocentrisme de merde, son lunatisme et sa froideur nous dégoutent autant que les cacas d’œil que Gégé mange avec passion. On oublie le plus important, finalement, à savoir pourquoi la relation ne marche pas depuis des mois et pourquoi on souffre. Le 9 octobre, j’avais oublié.
Et cet oubli n’allait pas aider mon état. Car le lundi, je suis plachplouch. Un mood pourri dans lequel tu frôles la dépression et tu n’as qu’une envie : rester sous ta couette du matin au soir. J’ai bien tenté de feinter mon propre esprit pour contrer mes pulsions d’amour et mon état de limace en remplissant ma journée au maximum. J’ai géré les mails, les commandes, j’ai écrit, sorti mon chien, l’ai rentré, le l’ai ressorti, je suis partie faire des courses, je suis allée à la pole dance et je me suis même fait l’amour. J’ai tout tenté. Mais il était toujours dans ma tête. Mon ancien crush accompagné du lundi de l’enfer. Je n’avais qu’une envie : lui parler, alors que je n’avais absolument rien à lui dire. Car après tout, j’allais lui écrire pour quoi ? Lui rappeler qu’entre nous ça ne marchait pas, qu’il ne changerait jamais, qu’il ne voulait de toute manière pas s’engager avec moi et quand bien même il l’aurait voulu, moi-même je n’étais plus certaine d’en avoir envie, dégoutée de toute cette relation ? Pourquoi lui écrire ? J’avais beau me le répéter sans cesse, une fois chez moi, après ma journée remplissage de tête effectuée, salade en main, L’Amour est dans le pré à la télé, muscles encore congestionnés et corps pourtant blindé d’hormones, j’ai craqué.
Mais, contrairement aux précédentes semaines, j’avais anticipé.
Non sans courage, j’avais supprimé son numéro. De partout : WhatsApp, discussions communes, Messenger, iMessage, appels manqués, appels reçus, appels émis, archives, etc. Je l’avais fait disparaitre, pour ne plus pouvoir lui écrire. Oui mais voilà, il restait un endroit dont je ne l’avais pas éradiqué, car ça nécessitait de le bloquer et ça, ça ne m’aurait pas arrêtée : Instagram.
J’avais encore son compte Instagram (cherchez pas, je parle de mon Insta secret, mon perso que personne ne connait, hé hé). J’ai attrapé une pièce, joué à pile ou face et laissé l’avenir décider pour moi. Si c’était pile, j’envoyais ; si c’était face, je m’abstenais. Vous l’aurez compris, c’était pile. Alors, j’ai envoyé. Un truc pourri à 22 h, qui disait simplement « salut » et dans lequel je m’excusais de lui écrire. Puis, une fois le message expédié, j’ai paniqué. J’ai paniqué et je m’en suis voulu. J’ai donc fait un deal avec moi : si à 22 h 15, il n’avait pas vu mon DM, je le supprimais. Durant ces quinze minutes, je n’ai pas quitté la conversation, attendant un « Vu », espérant que ça arrive, priant pour que ça n’arrive pas. Je n’étais que contradictions. Puis, à 22 h 14, toujours rien. La dernière minute, la fatidique. Toujours rien. Même à 22 h 15. J’ai donc supprimé. Comme une page qu’on efface, comme un cadeau de l’univers, comme un secret trop dur à garder. Vous comprenez, je ne pouvais pas me contenter de ça…
J’ai respiré un coup et j’ai décidé d’assumer. Après tout, c’était ridicule : tant qu’à écrire pour ne rien dire et simplement pour booster mon égo, autant le faire jusqu’au bout. J’ai plongé dans mes souvenirs et tenté de me rappeler son numéro qui, bravo à ma mémoire, m’est revenu immédiatement.
J’ai donc tapé un message de retrouvailles, un qui vaguait entre les blagues et le drame, les rires et les larmes. Une série B. J’ai envoyé, sans trop d’hésitation. Quatre messages, même. Quitte à reprendre contact, autant le faire avec un roman. Mais après quelques minutes sans réponse, alors qu’habituellement il ne me laissait traîner que quelques secondes, j’ai de nouveau paniqué. Moi qui étais si fière d’avoir résisté, de n’avoir rien envoyé et qui avais craqué comme une merde tandis que j’avais promis que je ne serais pas celle qui reviendrait. J’avais failli. Tout comme avec mon DM sur Instagram, j’ai tout effacé. Sauf que, sur iMessage, j’avais un doute : est-ce que si je supprimais, il ne recevrait pas quand même mes SMS ? Est-ce que la suppression ne fonctionnait que pour l’expéditeur ?
J’ai foncé sur Google. « iMessage suppression destinataire », « Comment supprimer les messages destinataire iMessage », « Est-ce que mon connard d’ex qui n’est pas mon ex va recevoir mes messages de désespoir ? » Tout y est passé et je n’ai trouvé aucune réponse.
Aucune réponse jusqu’au moment où un site m’a annoncé qu’il existe une page d’archivage, où toutes les discussions supprimées se retrouvent. Ma chance. Dans celle-ci, il devait y avoir mes textos de la déprime, que je pourrais resupprimer d’une manière ou d’une autre, définitivement. J’ai foncé sur mon téléphone (en haut à gauche, cliquez sur « Modifier », puis sur « Afficher suppressions récentes » ; je vous passe l’info, on sait jamais) et j’ai donc affiché les suppressions récentes. Et là, le destin m’a parlé. Dans ces dernières, j’ai vu deux numéros. Celui à qui je venais d’envoyer ma déclaration et un autre, très similaire, à un chiffre de différence près, qui semblait, du coup, être le bon contact de mon ancien crush.
Je m’étais trompée. Je m’étais trompée d’un chiffre et j’avais sauvé mon honneur. Dans mon cœur, je me suis sentie apaisée. Déjà parce que j’avais eu l’impression de vraiment lui avoir envoyé un message et que ça m’avait fait du bien, mais aussi et surtout parce que je ne l’avais pas fait. L’univers ne l’avait pas fait. Il m’avait sauvée. Comme un signe, j’ai compris qu’il ne fallait évidemment pas lui écrire et continuer ma guérison telle la guerrière que je suis, les bonnes énergies avec moi dans mon armée. Je suis passée de quelques larmes à un énorme fou rire que je me suis empressée de partager à mes amies. La drama queen Nono a encore frappé, ce jour où j’ai renvoyé un message.
PS : Si vous avez des techniques pour avancer et ne plus avoir envie de prendre contact, je suis intéressée. Love. Merci.