La Moins Bonne de tes copines

ce jour où j’ai oublié ce que je ressentais

Mercredi 15 juin. Les papillons dans le ventre, les nausées, le cœur qui palpite, les mains moites et la tête qui tourne en boucle. C’était revenu comme un boomerang. Un boomerang à mille à l’heure qui te rappelle que ton équilibre psychologique tient à peu de choses.

Pendant des années, je les avais évités. Leurs bras musclés, leurs petits culs, leurs phrases accompagnées de violons et leurs blagues qui me font perdre un poumon. J’avais sorti les hommes de ma vie. Et tout ce qui se rapprochait de près ou de loin à eux.

Je l’avais fait inconsciemment. Sans vraiment de raison.

Mon dernier ex était un homme gentil, drôle et attentionné. Et il avait une énorme bite. Il ne m’a pas trompée, m’a respectée et a pris soin de moi. En somme, c’était un mec bien. Aucune raison, à première vue, de partir vivre dans un couvent après une telle relation.

Mais pour mon cœur, l’histoire était bien différente. Lui, après cette déception, il a tout fermé. Comme un château fort, il s’est caché derrière la graisse et a pris soin de jeter la clé. Très loin. Très, très loin. Au point de ne plus s’ouvrir pendant des mois. Même des années. Et vous savez ce qui était le pire ? C’est que j’aimais ça.

Parce qu’on peut dire ce qu’on veut, mais ce qui nous fait le plus galérer dans ce monde, c’est l’amour. Alors, après avoir tout coupé, j’avais beaucoup moins mal. Moins mal au cœur, à la tête, au corps. J’étais tranquille. À l’exception de quelques embrouilles au travail, de deux ou trois connasses sur Insta et de broutilles de famille, personne n’avait plus la capacité de me blesser. Jusqu’à ce jour. Mercredi 15 juin.

Je n’avais rien vu venir. Pour être honnête, je suis toujours dans le déni. Et pourtant, rien qu’au moment de la rencontre, il avait déjà pété un verrou. Je pourrais vous raconter tous les détails : les premiers regards, les premiers mots et les premiers battements de cœur loupés. Mais vous risquez de vous emballer. Puis, moi aussi. Parce que la réalité est beaucoup moins romantique : nous ne sommes pas du tout en couple. On ne s’est même pas embrassés. C’est à peine si on s’est touché la main. Mais pour moi, on est déjà mariés, avec trois enfants, on a remplacé GG par un golden retriever et la Fiat par un SUV. Et c’est ça le problème. Ce qui se passe dans ma tête.

aimer quelqu’un ». D’ailleurs, j’en viens même à me demander si je sais « bien aimer quelqu’un ». Moi, je suis déjà obsédée par ce mec, et on me dit que « je l’aime bien ». Alors qu’est-ce qui m’attend si je l’aime tout court ? Qu’est-ce qui m’attend quand je l’aurai embrassé et que j’aurai envie de recommencer ? Qu’est-ce qui m’attend quand on n’aura pas dormi de la nuit parce qu’on aura fait l’amour sauvagement sans une seconde de pause (laissez-moi, j’ai pas mal à rattraper) ?

Parce que depuis notre rencontre, je suis en boucle. Comme celle qui tient la ceinture de ton jean. Tout pareil. Et ça, j’avais oublié. J’avais oublié, jusqu’au moment où l’une de mes meilleures amies a passé le week-end avec moi, et où j’ai été tout ce que je déteste.

Premièrement, on a mangé au resto. Par politesse, je l’ai écoutée parler alors même que je rêvais qu’elle me sorte le fameux : « Bon, vas-y, raconte. » Puis, après lui avoir donné tous les détails que moi seule trouve croustillants, j’ai continué en lui montrant des photos. Mais le pire était à venir pour elle. Toute la journée, sans même m’en rendre compte, j’ai enchaîné les anecdotes, où, évidemment, il était le protagoniste. J’osais même les « C’est pas encore pour parler de lui, mais… ». Bien sûr que si, connasse, c’est pour parler de lui. Pire, tout ce qui arrivait me faisait penser à lui. La musique, l’air qu’on respirait, la dernière chanson de Macklemore. Tout était lié à lui. À ça s’ajoutait mon téléphone greffé à ma main pour répondre à ses messages très peu intéressants, qui me coupaient pourtant du monde et me faisaient louper le trottoir. Ses messages me faisaient tomber. Au sens propre. Et j’en riais. Ils me faisaient oublier les clés sur le comptoir de la caisse, perdre mon téléphone dans une pièce, acheter des centrifugeuses ou danser alors qu’il fallait monter un barbecue. En un claquement de doigts, j’étais devenue étourdie, niaise, chiante. En un claquement de doigts, j’étais devenue une autre.

J’avais bien tenté de me ressaisir. Ma première technique, ça a été d’instaurer une distance avec la personne concernée. Je prenais du temps pour répondre aux messages, j’évitais les marques d’affection, de demander de le voir ou de demander des nouvelles. Scoop : ça ne fonctionne pas. Alors, j’ai tenté la seconde méthode : le tout pour le tout. Quitte à bien aimer quelqu’un, autant y aller à fond. La bonne nouvelle, c’est qu’en partageant ce que tu ressens, tu sais ce que l’autre veut. Et ça, c’est rassurant. La mauvaise, c’est que ça te rend encore plus accro.

Alors, j’ai fini par accepter. J’ai fini par accepter que ma tête est complètement ailleurs, que je n’arrive plus à bosser ni à me concentrer sur autre chose que lui, que j’attends ses messages même quand il ne m’envoie qu’un « Ça va ? », que je suis vexée si je ne le vois pas régulièrement et que j’oublie tout à l’instant où on se retrouve. J’ai fini par accepter que même me poser au bureau pour écrire cette nouvelle est compliqué parce que je n’ai envie que d’une chose, c’est d’être avec lui pour que mon été se transforme en summer love ; que plus rien d’autre n’a d’importance que de passer du temps à ses côtés ; que ma carrière peut s’écrouler, je n’en ai plus rien à foutre (ok, c’est faux, mais j’te jure, pendant cinq minutes, je le pense parfois). J’ai fini par accepter que je suis en train de tomber amoureuse d’un mec que je connais à peine, qui va sans doute me briser le cœur et avec qui je n’ai même pas échangé un baiser. J’ai fini par accepter que j’ai eu tort toutes ces années de ne pas avoir laissé de chance à un homme ; que l’amour ça fait peur, mais que ça nous fait nous sentir vivants et qu’au pire, je pleurerai seule dans ma salle de bain avant d’en faire un livre. Et j’ai même fini par accepter que j’avais besoin d’en parler ici, car depuis des semaines, c’est mon quotidien et que c’est compliqué de le cacher. Je compte sur vous, c’est encore un petit secret entre nous. Déjà parce que de l’exprimer me terrorise, mais surtout parce que, j’insiste : il ne se passe absolument rien avec ce mec. Mais ce « rien », il me fait ressentir des choses que j’avais oubliées depuis longtemps. Alors, qu’importe la suite, qu’importe le nom, ça vaut le coup (jusqu’au moment où je vais vous faire une nouvelle sur « ô combien c’est un bâtard »). C’est en tout cas ce que j’ai réalisé, ce jour où j’avais oublié.

PS : Mamamamamaaaa, je sais pas toi, mais j’arrive à rien foutre de mon été. Je m’étais pas sentie comme ça depuis des mois. Je suis une feignasse en mode love sur mon canap. Vous ne me reconnaîtriez pas. Votre badass queen ambitieuse s’est transformée en amoureuse langoustine. Rassurez-moi, on redevient un peu soi-même à un moment donné ?

PS 2 (écrit hier soir) : c’est bon, cette histoire saoule. Je crois que je redeviens votre badass queen ambitieuse qui s’en fout des mecs. C’est trop relou, les histoires d’amour.

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17 réponses

  1. Gwendoline DURAND dit :

    Coucou !
    Je pourrai commenté en disant plein de chose du genre « trop contente pour toi , tu le mérite ( alors qu’on se connaît pas 😆) , etc .. bon ok c’est ce que je viens de faire mais tu t’en fou royalement j’imagine par contre ça que j’ai envie de souligner c’est cette phrase qui sonne tellement vrai en la lisant «  Parce qu’on peut dire ce qu’on veut, mais ce qui nous fait le plus galérer dans ce monde, c’est L’amour »

    Aller bisous ma gueuse !

  2. Coralie Psc dit :

    Merci d’avoir ouvert ton coeur avec nous,je suis d’accord sur le fait que l’amour c’est ce qui nous fait le plus galérer dans ce monde. Mais que serait il sans ça ?
    Cette sensation, les papillons, ou tu cherches tous les signes du destin pour savoir si c’est le bon (j’étais a fond dans les heures miroirs) … 😅
    Tu n’as peut être rien à perdre a exprimer tes sentiments a la personne concernée a part la peur de l’inconnu et cette peur de “changer” c’est un gros travail à faire sur soi pour pouvoir et vouloir être avec quelqu’un
    Tiens nous au courant de la suite !
    Bon courage, on est avec toi 🙂😘

  3. AURELIE POITOU dit :

    Merci de te confier à nous, je te souhaite que cette histoire te rende encore plus heureuse que tu ne l’es seule et hâte de découvrir la suite 🙂

  4. Céline CA dit :

    On arrête avec la croyance que ça va forcément mal se terminer ! Même si oui OK OK OK d’accord je sais, souvent ça se termine mal ! Je pourrais faire une thèse sur les histoires d’amour qui se termine mal 😅 je suis une putain d’experte en histoire d’amour qui se termine mal 🤣
    Mais parfois ça se termine bien ! Et parfois même si ça se termine mal, ça aura été chouette 🤷🏻‍♀️
    Alors fonce Nono ! Ouvre ton cœur à ce monsieur et tente l’aventure !
    Sur un malentendu tu vas finir avec deux gosses, un Retriever et un SUV…. 😉♥️

  5. Angelique Toux dit :

    En vrai j’adore me sentir privilégié de lire c’est petit bout de secret. ☺️ Merci

  6. giroux dit :

    cc Noéllie , merci pour le secret qu’on n’est centaines à savoir certainement…et j’ai surtout envie de te dire glande bien sur ton canapé à rêvé ou pas de lui ou d’elle d’ailleurs, parce qu’à un moment donner faut quand même resté ouvert d’esprit lol , bisous et surtout continue de nous faire rire et pleuré aussi parfois , et accroche toi l’amour arrive toujours enfin souvent quand tu t’y attend le moins 😉

  7. Edwina MASSON dit :

    Coucou
    Je viens de te lire, je trouve ça super et je suis contente pour toi. Un peu comme une copine alors qu’on ne se connaît même pas … lol
    Mais je me suis dit aussi qu’on doit être plein dans ce cas ( à te lire ) et comment tu fais si tu découvre que cette personne te lis aussi….? Tu vois le truc ?? J’avoue que ça arrangerais les choses nan ? Lool
    Aller je m’en vais lire tes autres nouvelles, je me suis abonnée ce matin 😉
    Bon chance pour la suite de cette histoire, le bonheur n’arrive jamais quand on s’y attend 🥰

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