Ce jour où j’ai manifesté l’amour

Lundi 11 août 2025.  Avec efficacité et rigueur, je m’impose de travailler sur le document pour l’adaptation de 387 jours en série. De ça, je vous en ai déjà parlé et je ne m’en suis jamais caché. Mais ce que je ne vous ai pas raconté, c’est comment cette série n’est qu’un argument pour rencontrer mon grand amour. Ou du moins, c’est ce que la légende vous fera croire, histoire d’en faire un bon roman. Ou une bonne nouvelle. 

Dans mon canapé, confortablement installée, plaid sur les jambes alors même qu’il faisait 40 degrés et que l’ordinateur posée sur les cuissots donnait déjà trop chaud, je m’adonnais à cet exercice bien plaisant, à savoir, choisir des acteurs pour chaque rôle. Si je resterais silencieuse sur l’ensemble, il y en a un dont je ne peux taire le nom tant il mérite d’être hurlé (dans l’idéal contre un mur en levrette, mais on se contentera de ce qu’on a) : Yann Gaël.

Si vous ne connaissez pas Yann, permettez-moi de vous l’introduire, sans pour autant qu’il me fasse des infidélités. Mr Yann Gaël, né le 2 août 1986, est un acteur franco-camerounais, que vous avez pu voir dans quelques trucs, mais pas trop non plus parce qu’il est pas ultra connu. La seule chose qu’il est bon de retenir, c’est qu’il est comédien. Et incroyablement canon. Dans mon imaginaire de l’homme parfait, j’ai Yann Gaël. Et mon père. Mais là, c’est un peu plus gênant. Restons donc sur Yann, dont il faudra penser à changer le prénom lors du mariage, bien que tous les hommes que je fréquente ont des prénoms de vieux, ou de nazes. Il a les deux, ce qui annonce une belle histoire. Yann, donc. Aka, l’homme de ma vie.



Toujours installée dans mon canapé à constituer mon dossier pour les productions, je décidais donc d’y foutre Yann. Yann qui, donc, est un homme noir. 387 jours qui, donc, n’a pas de personnages noirs dans lequel j’imaginais mon nouveau mari. Parce que Yann, il devait avoir le rôle principal, un Gaspard ou un Phil. Oui, mais Gaspard il est blanc et Phil il est vieux. Deux choses que mon bébé n’était pas. Qu’importe, pour lui, j’étais capable de changer un scénario. Après tout, je n’avais jamais précisé la couleur de peau de ces hommes.

Mais là où notre histoire a vraiment commencé, c’est lorsque j’ai commencé à vomir partout. Non pas qu’il m’avait engrossé et que je subissais les débuts d’une grossesse, mais simplement que mon corps semblait avoir un SPM particulièrement intense. De ça  aussi, je vous en ai déjà parlé. Ce jour donc, il m’était impossible de faire quoi que ce soit, si ce n’est resté allongée dans un lit à binge watcher une série. Et encore, la position couchée ne me réussissait pas vraiment. Ma seule solution : il fallait que je pense à autre chose. Me voilà à choisir la première série sur Netflix, une qui n’inclut pas des crimes atroces à la Ed Gein et dont l’histoire ne me demande pas d’être doctorante en psychologie. Néro était la solution.

Cette série, c’est un saut dans le temps, une histoire d’un brigand, Néro, au Moyen-âge qui découvre qu’il a une fille dont le rôle est primordial car elle peut sauver le monde. En gros. Ce qui était vraiment important, c’était que Néro était joué par Pio Marmai. Il ne m’en fallait pas plus pour me convaincre.

Je lance le premier épisode, enchaîne facilement avec le second puis le troisième. Et, dans certaines scènes, un homme particulièrement sexy fait son apparition : Yann Gaël. Mon homme, dans cette série. Si l’intrigue m’avait de toute manière eu, c’est clairement lui qui m’a fait continuer. Entre deux scènes, je n’ai pas pu m’empêcher d’aller le googleliser, puis l’instagrammer, puis mater chacune de ses photos telle une stalkeuse flippante. J’assumais. Publiquement même, car je m’étais abonnée et j’avais même eu la brillante idée d’en faire des stories. Dans celles-ci, comme à mon habitude, j’y exposé mes ambitions, et surtout celles avec mon homme. L’envie qu’il vienne jouer dans ma série qui n’existe même pas, la beauté de son corps, notre amour naissant et tous les plans sur la comète. Un fardeau. Un fardeau que certaines d’entre vous ont très probablement partagé à l’intéressé… car quelques heures après, pour être exacte le lendemain lorsque je nettoyais le cul du chien de ma mère qui avait l’anus bouché par une grosse merde retenue dans ses poils longs, Yann m’a suivi sur Instagram.

Pire, il a vu mes stories. Pire, il y a répondu. Et moi, caca presque dans la main, j’ai vu ça. Il m’avait écrit, et j’osais à peine ouvrir le message tant j’avais honte.

Habituellement, je m’en fous de ce genre de choses. D’abord parce que c’est mon taff et surtout parce que c’est de l’humour. Mais pas cette fois. Cette fois, j’étais sincère. Pas sur le fait que j’étais amoureuse de lui (quoique) mais surtout sur le fait que j’avais envie qu’il intervienne dans mon adaptation. Je le voyais. Surtout en Kriss dans Le Titre, certes. Mais je le voyais, un jour, dans un mes projets. Comment voulez-vous qu’il s’y intéresse si la première chose qu’il a vu de son employeur c’est une loque humaine, étalée dans un lit à deux doigts de vomir, le tout en déclarant qu’elle est folle de lui ? Et pourtant.

Pourtant, il semblait intéressé. Sans doute par politesse. Et parce que je sais que tu es abonnée au B Club pour les potins, uniquement pour les potins, voici donc les messages qu’il m’a envoyés :

Tant de choses à dire sur ces deux phrases, que j’ai relues 12 fois, et que j’ai imprimées en poster, encadrées dans ma chambre. Premièrement, il me drague. Oui. Me parler d’hommes nus, alors que l’homme nu en question c’est lui, le tout avec un clin d’œil, c’est clairement une manière de me dire qu’il est amoureux aussi. Ne soyez pas naïves, par pitié. Secondement, il veut faire partie du projet. Toujours oui. Me demander de lui envoyer le document quand c’est prêt, c’est qu’il sait qu’un chef d’œuvre. Troisièmement, et non pas des moindres qui lui fait perdre quelques points, le « Beko, Y ». Sur ce point, nous pouvons discuter. Certaines diront à juste titre que c’est un beauf qui ne dit pas « bisous » mais beko telle une grand-mère habitant à Biarritz et qu’il signe Y plutôt que Yann comme un bobo parisien. D’autres diront que c’est un artiste un poil imbu de lui-même. Les autres ne prendront même pas le temps d’analyser ses messages tant elles se préoccuperont de ma réponse. Et c’est sur celles-ci que nous allons nous concentrer.

Après 11 minutes en « vu », je me suis lancée. Simple et efficace. Un premier message qui disait, de manière globale, que si je montrais des hommes nus, c’est parce que des hommes se montraient nus et que le rôle lui irait à merveille mais pas tant mais un peu quand même mais pas trop mais que si tel était le cas il serait le premier informé. De manière globale. Sans rebondissement, je n’ai eu aucune réponse. Avec honnêteté, je n’en attendais évidemment aucune. Le zozo n’est pas con, il a vu 180.000 abonnés sur l’insta de la gueuse, un projet de livre adapté en série, il a su se placer. Espérons que la prochaine fois, ce soit dans ma chatte. 

Et c’est ainsi que se termine notre histoire, pour le moment. Sachez que si je me marie avec, cette nouvelle sera évidemment brûlée, l’ordinateur avec. C’est ce que j’ai su, ce jour où j’ai manifesté l’amour.

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