La Moins Bonne de tes copines

Ce jour où j’ai dit la vérité sur 387 jours

bkg B Club

Vendredi 20 janvier. Je suis assise à mon bureau, soleil qui frappe la fenêtre et champs à perte de vue. Et sur le côté, 387 jours. Mon œuvre. Mon bébé. Ma fierté. Je le regarde du coin de l’œil et je le feuillette. Je dois vous dire la vérité : je ne lis JAMAIS. Enfin, presque jamais ; depuis peu, j’essaie de m’y remettre. Pour arrêter le téléphone. Mais ça, je vous en parlerai une prochaine fois. Et je lis encore moins mes livres. Surtout 387 jours, le premier, celui qui a probablement le plus de défauts. Oui, mais voilà : à ce moment, j’ai envie de me rappeler.

Parce qu’à dire vrai, j’ai une anecdote assez chaotique.

Été 2020, seulement quelques semaines après sa naissance, 387 jours a commencé à vivre grâce à vous, de manière inattendue. C’était un rêve, un rêve qui se réalisait. Dans mes messages privés Insta, je le voyais dans vos mains, en photo sur la plage ou à l’autre bout du monde. Il devenait ce pour quoi il avait été créé. Mais surtout, vous me donniez vos avis. Des avis parfaitement structurés, construits, qui avaient du sens. Et puis, je suis tombé sur LE message. Celui qui me disait, pour faire simple, que « Didier est le personnage le plus cool ». À cet instant, dans ma tête, un choc. Impossible de me rappeler qui est Didier. J’ai écrit TOUS les mots de ce livre, je les ai relus encore et encore, et pourtant, je ne me souvenais pas de ce personnage. Comme un trou noir. Et alors, au lieu de me taire et de simplement remercier cette lectrice, j’ai répondu : « Didier ? » C’est elle qui m’a redonné le contexte et, soyons honnêtes, elle doit encore penser que je sous-traite quelqu’un pour rédiger mes romans. Pour mon égo, je me suis persuadée que, lors de l’écriture, je suis en transe et que, par conséquent, j’oublie tout ce que je pose sur la feuille blanche, comme un don qui reste enfermé dans les pages. La réalité, c’est juste que j’ai une mémoire de merde. Vraiment de merde.

Alors, ce vendredi 20, quand j’ai vu mon livre sur mon bureau, j’ai eu envie de le relire. De m’offrir un simple rappel. Mais sincèrement, j’ai rapidement arrêté. Parce que c’est chiant et j’ai déjà dû le faire dix fois en deux mois avant la publication. Je ne voulais pas m’imposer ça de nouveau. En revanche, je dois lui octroyer une utilité : celle de me rappeler le passé. Car dans 387 jours, beaucoup de choses sont vraies… Et je sais que vos questions tournent souvent autour de ça. Alors, Mesdames, à vous qui avez fait vivre mon bébé, je vous dois aujourd’hui… la vérité !

Le premier élément de l’histoire qui est tiré de ma vie… Le fameux CHAPITRE 7 ! Oui ! Vous ne rêvez pas, c’est arrivé.

Enfin, presque. Pour faire court, la course poursuite avec le flic et ce même flic qui m’a draguée, c’est vrai. Le tournevis dans le cul, c’est une invention (alléluia !). C’était il y a au moins dix ans, lorsque j’étais étudiante à Rouen. À l’époque, je prenais quotidiennement ma petite Fiat 500 rouge et j’allais en fac de droit. Un enfer. Mais ce jour-là, j’étais heureuse. Michael Jackson à fond dans la voiture, la tête dans la mélodie et le cœur dans la fête d’Halloween qui allait avoir lieu le soir. Vous avez deviné la suite. Un homme est venu frapper à ma porte passager, insistant fortement pour entrer dans ma voiture et prétextant être de la police. J’ai traversé les ponts de Rouen, grillé deux feux rouges et je me suis rapidement fait arrêter par les (vrais) flics. Mon regard d’ange et ma naïveté m’ont sauvé la mise, même si j’ai été escortée jusqu’au commissariat pour déposer plainte. À la sortie de mon entretien, et parce que l’histoire ne pouvait pas se terminer comme ça, le policier qui m’avait sauvée d’un viol probable m’a demandé mon numéro. Dans l’émotion, j’ai accepté, pour le revoir finalement le soir au bar, à peine déguisée en comparaison à mon ensemble intégral de vampire que j’avais prévu à la base, et me rendre compte du gros looser qu’il était.

Avec tout ça, j’ai eu droit à un article dans le journal. Article que j’ai tenté de retrouver sur Google, mais je n’ai trouvé que des horreurs sur un flic ayant violé des prostitués et un chien de la brigade canine qui a été dévoré par un molosse. Autant vous dire que j’ai pas cherché plus. Désolée.

Deuxièmement, la relation entre Gaspard et Charlotte. Hé oui… Tout est vrai.

C’est d’ailleurs eux qui ont été la source de mon inspiration. Il y a quelques années, j’étais bien amourachée d’un homme qui, je le pensais, l’était également à mon égard. Pendant des semaines, j’ai tenté de le séduire et, comme vous l’avez compris, ce n’est pas mon fort. À tel point que j’ai appris par Charlotte que mon Gaspard lui avait avoué son amour. Un amour fou et passionnel. Un amour qu’il n’avait de toute évidence pas pour moi.

Bien sûr, leurs noms ont été changés, mais dans les faits, beaucoup de choses sont similaires. Je ne suis pas certaine que ces deux protagonistes sachent qu’ils font partie des personnages principaux dans mon livre. Et, pour être encore plus honnête, cela n’a aucune importance car, mon Dieu, comme Mary, j’ai compris Gaspard n’était pas DU TOUT pour moi. Et, qui plus est, j’étais bien amoureuse de l’image que j’avais créée dans tête et non de la personne qu’il était réellement.

En novembre 2019, Gaspard était donc dans ma vie et je commençais à écrire 387 jours sans avoir vraiment d’idée précise, si ce n’était que mon héroïne serait une sexologue sans rapports sexuels. Et puis, fin décembre 2019, j’ai appris pour la relation entre Charlotte et Gaspard. Après quelques heures à peine à me morfondre, j’ai compris. J’ai compris pourquoi tout ça avait eu lieu : pour pouvoir faire naître 387 jours. Tout le scénario m’est apparu. J’ai commencé à écrire et, en mars 2020, le coco est arrivé. La suite, vous la connaissez !

Dernier secret : l’abstinence de Mary. 387 jours, donc. Voire 546 jours. Un an et demi sans relations sexuelles, voici son record. Et souvent, vous m’envoyez le vôtre, un peu gênées : « Deux ans que j’ai rien eu » ; « Presque trois ans de mon côté. » Eh bien, Mesdames, aucune honte à avoir. Car moi, j’ai fait plus de six ans. Six ans sans rien. Pas même un bisou. Alors, si ce que vit Mary vous touche autant, c’est parce que j’ai pu l’expérimenter moi-même. Les remarques déplacées, le jugement de soi-même, se sentir nulle, pas assez cool, pas suffisamment badass. Avoir envie de se bourrer la gueule et de sauter sur le premier mec pour se rappeler que même un baiser est déjà un bout d’âme donné. L’abstinence, sans vraiment être choisie, mais pas non plus subie, a toujours été une part de mon existence. Toujours. Car des hommes bien, j’en rencontre peu, et quand bien même je les fais entrer dans ma vie, ils peinent à entrer dans ma chatte. Comme quoi, les apparences peuvent être trompeuses. Et avec cette abstinence vient la marginalisation. Parce que tu te sens pas comme les autres. Parce que, pour être « bien dans sa tête et son corps », il faut coucher. Parce que, pour avoir une chance avec les hommes, il faut se donner facilement. Tout cela est faux. Je suis l’une des personnes les plus saines et équilibrées que je connaisse et je peux rester des années sans rapports. J’ai aussi rencontré des hommes qui savent attendre, qui sont compréhensifs et qui ne misent pas tout sur la sexualité. Tout existe, et rien ne doit être comparé. Car, comme le dit si bien Mary, c’est pas ta sexualité qui définit ton bonheur. Enfin, c’est pas tout à fait ça qu’elle a dû dire. Mais comme je vous l’ai expliqué, je m’en souviens pas.

C’est ce que j’ai avoué, ce jour où j’ai dit la vérité sur 387 jours.