La Moins Bonne de tes copines

Ce jour où mon crush a pris une tournure inattendue

bkg B Club

Lundi 6 janvier 2025. La nouvelle année. La (presque) première semaine de l’année. Je me retrouvais déjà à matcher des gars sur Hinge. À dire vrai, j’en avais ras-le-cul, des applications de rencontres. Après mon aventure avec Monsieur Chouette à la fin de l’année 2024, je n’étais pas vraiment d’humeur pour des rencontres. Janvier 2025, j’étais pleine de résolutions, avec la volonté sincère de me concentrer sur moi, mes objectifs et mes ambitions.

Mais, parce que cela me faisait passer le temps, il m’arrivait de voguer sur Hinge, le Tinder 2.0, et de matcher des profils intéressants. L’espoir aussi, peut-être. J’y croyais encore, à la possibilité de tomber sur quelqu’un de vraiment bien et avec qui je pourrais vivre une histoire cool. Après tout, j’avais connu ça une fois, malgré la fin merdique. C’est qu’au fond, sur les applications de rencontres, cela pouvait exister, les belles surprises… 

Je passais d’un compte à un autre, sans prendre réellement le temps de les regarder tant ils se ressemblaient. Tous clamaient la même chose, la même volonté de voyager en 2025, de trouver l’amour, d’aller à des concerts ou de bruncher le dimanche. Aucun ne se démarquait, et moi non plus, probablement. Nous étions tous de pâles copies. Dont lui.

Lui, c’était un grand monsieur d’un mètre quatre-vingt-cinq (c’est en tout cas ce qu’il disait), la peau métisse, le crâne rasé et un sourire à craquer. Rien d’exceptionnel. Désolée si tu passes par là. Mais ce charmant métis était vraiment charmant, au point que j’ai accepté son match. Pourtant, je doutais. Car outre ses photos, Charmant Métis, CM pour les intimes (surnommons-le comme ceci) avait du caractère. Sur sa description, il avait indiqué que si on matchait, il faudrait avoir de la discussion, oser relancer, et ne pas se contenter du digital. Face à cette réalité, j’ai eu trois analyses : soit CM était particulièrement clair sur ses ambitions, soit CM était un habitué des applications de rencontres et des conversations qui s’essoufflent avant même d’avoir commencé, soit il était les deux. Alors, j’avais hésité. J’avais hésité à accepter son invitation. Je l’imaginais chiant, à demander à aller boire un verre après seulement deux messages échangés, à poser des « Salut, ça va ? » comme tous les autres ou à trop espérer d’un coup.

 Je le sentais investi. Très investi. Et ce alors que nous ne nous étions pas encore parlé.

Bonne nouvelle, j’ai très rapidement pu en avoir le cœur net. En effet, CM savait ce qu’il voulait et à peine avions-nous matché qu’il m’envoyait déjà un premier message. Et si je suis incapable de vous retranscrire celui-ci, je peux en revanche vous parler de tous les autres. CM était un gentil. CM était le PLUS gentil. 

Rapidement, nous avons discuté par audios. Sa voix était douce, très claire et son élocution parfaite. Il s’est avéré que CM était dans le milieu de la télé. Un comble lorsqu’on sait que Monsieur Chouette m’avait balancé à la gueule que j’étais une accro du petit écran et que cela était un souci. Scoop, donc : ce n’est jamais vous le problème, c’est simplement que vous n’êtes pas avec la bonne personne. Parce que CM, il adorait que j’adore la télé.

On a parlé longuement de nos points communs et de tout ce qui faisait qu’on appartenait au même monde. Et c’est à cet instant, après quelques échanges, que j’ai su : CM n’arrivait pas à me séduire. Mais – et ma psy en serait fière – je n’ai pas coupé les ponts. Plus encore : j’ai été sincère. Après deux jours à discuter de sujets plus captivants les uns que les autres, j’ai fini par être honnête. Dans un vocal qui ressemblait à un podcast tant j’ai tenté de mettre les formes, je lui ai expliqué que je n’étais pas prête à rencontrer quelqu’un de nouveau et que pour le moment, je ne recherchais pas de relation amoureuse. À cela, j’ai ajouté qu’en revanche, nous avions plein de choses à nous apporter, au moins professionnellement, et que nos échanges m’intéressaient. Une première. J’allais me faire un ami grâce à une application. C’était en tout cas ce que j’espérais.

En envoyant le message, je ne me voilais pas la face. La probabilité que cet homme souhaite toujours parler avec moi après cette friendzone était faible, voire inexistante. Et pourtant. 

Pourtant, CM m’a surprise et m’a encore prouvé sa valeur. En quelques mots, avec beaucoup de tact et d’intelligence, il a souligné combien il me trouvait charmante, et m’a annoncé qu’il n’avait aucun problème à discuter juste pour discuter. Il a également affirmé que j’avais énormément de talent, talent qu’il avait déjà noté lors de nos tout premiers échanges, à l’instant même où il avait vu mon profil. Puis, il m’a aussi dit qu’il aurait des opportunités professionnelles pour moi, et qu’il se ferait un plaisir de me les communiquer. Le tout dans une bienveillance, un respect et une gentillesse que j’ai rarement rencontrés. CM était un ange. 

Les jours suivants, je pensais que je n’aurais plus de nouvelles. J’avais tort. CM m’a parlé d’un de ses projets, projet qui, encore une fois, faisait écho au mien et suscitait mon intérêt. Au milieu de tout ça, je l’ai vu s’abonner à mon compte, là où la plupart des individus masculins de mon entourage me regardent à peine.

Lui, il me répétait combien il me trouvait brillante, talentueuse et pertinente. Puis, il a voulu acheter mon livre. Acheter mon livre. CM voulait acheter mon livre. Un mec que j’avais rencontré une semaine avant, sur une application de rencontres, voulait acheter mon livre alors que mon ex dont j’ai sucé le gland pendant un an n’a pas lu ne serait-ce que dix pages de celui que je lui avais offert. 

CM était quelqu’un de bien. Très bien. Et si, gueuses que nous sommes, nous ne pouvons pas nous empêcher de penser qu’il faisait tout ça pour tâter mon fessier incroyable, le fait est que, dans l’absolu, il ne m’avait même pas invitée à boire un verre. 

C’est alors que je lui ai proposé de lui envoyer mon roman. Parce que CM, il était du milieu, que c’était un artiste et que son avis m’importait. Quand je le lui ai annoncé, j’ai ressenti la joie sincère de cet homme à qui je faisais ce cadeau qui, pourtant, pour moi, n’avait aucune valeur sentimentale. 

CM était ému, pour de vrai. Il m’a promis de le lire, évidemment, mais surtout, m’a juré d’acheter les autres pour me « soutenir ».

J’ai noté son adresse, préparé son bon Colissimo, placé 387 jours dédicacé dans une enveloppe que j’ai photographiée pour la lui envoyer avec un simple mot : « C’est prêt, ton livre partira demain. 😊 » Quelques minutes après, j’ai reçu un vocal. Un de ceux qui peuvent vraiment me toucher. « Merci, Noëllie, ça me fait très plaisir. Je vais prendre le temps de le lire, de te faire un retour. C’est le début d’une belle amitié. »

Pour la première fois, j’avais un ami hétéro. Pour la première fois, j’avais un ami hétéro avec qui je finirais peut-être par coucher. Mais ça, c’est une autre histoire. C’est ce que j’ai compris, ce jour où mon crush a pris une tournure inattendue.