La Moins Bonne de tes copines

Ce jour où je suis allée voir la Star Ac

bkg B Club

Samedi 23 novembre 2024. La Star Academy. Comme tous les samedis. Oui, ne me jugez pas, j’aime la Star Academy. Depuis toujours. Petite, j’ai grandi avec Jenifer qui roulait des patins à Jean-Pascal, Georges-Alain qui faisait son strict minimum sur Asereje et Grégory qui nous a quittés un peu trop tôt, nous obligeant à nous taper des hommages tous les ans.

Désolée, Grégory, aussi triste soit ton départ, on n’en peut plus de TF1 qui nous assomme avec tes chansons d’il y a 20 ans – soit dit en passant pas franchement ouf –, le tout en nous suppliant de faire des dons alors que le salaire de Nikos sur un prime suffirait à remplir les caisses de l’association pour l’année. Mais ce n’est pas le sujet. Le sujet, c’est ma passion pour la Star Academy

Et l’avantage, c’est que je ne suis pas la seule. Autour de moi, on fait même des soirées Star Ac. Le genre qui va avec le diner gras, le canapé-plaid et les critiques à chaque prestation. Le type de moment que j’adore. Et j’allais encore plus adorer ce samedi 23 novembre. Car ce soir-là, la Star Ac, on allait la vivre, en vrai. Et ça me rendait heureuse… au début.

Au début, mon ami m’a annoncé qu’il connaissait l’un des membres de la production, qu’il pouvait nous emmener ma meilleure pote et moi à l’un des primes et qu’on allait kiffer. Ça, c’était sur le papier. Car dans la réalité, les choses étaient beaucoup moins fun… et surtout plus longues. Déjà, on devait arriver à 18 h 30. 18 h 30. Pour un début d’émission à 21 h. Parce que d’abord, il fallait préparer le plateau, s’installer, et crever de froid. On a débarqué sur un parking où ils avaient mis une pergola, et où, surtout, le personnel nous a demandé de retirer nos manteaux, nous laissant plusieurs minutes nous geler avant d’entrer dans le studio. Point positif : ils nous offraient des sandwichs. Une soupe aurait été mieux. Après plusieurs minutes à attendre de rentrer dans la fosse, ils nous ont lâchés. Telles des bêtes sauvages, le peuple a couru jusqu’à sa destination pour être le plus devant possible. Le tout avec des pancartes et des cris de joie. Moi, j’étais au fond, et ça m’allait très bien. 

Car à peine arrivée, j’ai compris. J’ai compris que la réalité, elle allait être moins sympa que le plaid-canapé dont j’avais l’habitude. La réalité, elle allait être longue. 

Avant le prime, et à ma grande surprise, les tournages ont commencé. Premièrement, ils ont enregistré tous les tableaux qui ne pouvaient pas être présentés en direct. Deuxièmement, ils ont tourné les prestations de l’after. Parce que oui, Jenifer ne patiente pas jusqu’à 2 h du mat pour nous dire qu’elle attend l’amour. Voici donc comment trois heures avant, on bouffe déjà de la Star Ac. Le tout boosté par Bruno, le gars qui vous oblige à agir d’une manière ou d’une autre. « Oblige », c’est le bon mot. Car si vous avez le malheur de montrer un peu moins d’entrain, Bruno profite des pauses pour vous remotiver en vous demandant d’y mettre du cœur. Et des pauses, il y en a beaucoup. À chaque documentaire diffusé à la télé, pour être exacte. En plateau, tu ne les vois pas. Encore une des choses qui rendent le temps long. Heureusement, il y a quand même du positif, à commencer par les petits potins.

Évidemment, le plus fun, c’est de découvrir les personnages de télé dans la vraie vie. Et ils le savent bien.

Eux, ils sont là pour faire le show, voire un peu trop. D’abord, il y a Nikos. Lui, il a débarqué, très fier, a salué son public, a presque mal parlé à un homme dans la foule qui lui demandait une photo et s’est mis à jeter des private jokes au jury en face. Le jury, justement. Quand il arrive, hors tournage, pour s’installer, il crée l’émeute. Encore plus durant mon prime où les anciens étaient présents. Armande, Kamel, Oscar, tant de personnages que je regardais depuis toute petite et que je découvrais en vrai. 

Puis, le show commence. Les élèves entrent, les caméras filment, les lumières s’allument et les spectateurs sont en folie. Il faut reconnaître la vérité : ils savent faire de la télé. Tous se rappellent parfaitement où ils doivent être, ce qu’ils doivent dire, ce qui plaira, ce qui fera réagir. Hors caméras, tout est bien calme et le public n’a plus vraiment d’intérêt. Tout ce qui compte, c’est ce que le prime donnera à l’écran, et finalement, c’est assez logique. 

Nous, dans la fosse, on souffre en silence. À 22 h, à peine à la moitié de la soirée, bien que Jenifer nous ait rendus nostalgiques et Chimène Badi proposé son seul tube, on s’emmerde.

D’abord, parce qu’on a mal aux jambes à force d’être debout. Ensuite, parce que clairement, c’est long. Très long. Finalement, l’émission est composée à moitié de reportages qu’ils diffusent ou de pubs. Les prestations sont peu nombreuses et surtout, elles sont loin. On ne voit pas bien, on n’entend pas bien. Encore une fois, car le plus important, c’est ce que ça donne à la télé. 

Une fois le prime terminé, le drama est arrivé. Parce que mes amis et moi, soyons clairs, on voulait se casser. Sans aucun regret d’avoir vécu cette expérience que je vous conseille si vous kiffez l’émission, mais pour autant, bien décidés à ne pas subir l’after deux heures de plus. Ça, c’était le plan. Car dans la réalité, le public est obligé de rester jusqu’à la fin. Obligé. Nous, on avait l’autorisation de rentrer avant, telles des stars, et surtout, tels des amis d’un gars de la prod. Oui, mais voilà, le gars de la prod, il n’était pas là. Et le gars de la prod, il avait rien précisé. 

L’équipe, c’était pas vraiment la plus aimable du PAF. Et à 23 h 30, c’était encore pire. Lorsqu’on a voulu partir, il a fallu négocier. Négocier pour partir. Un comble. Parce que, rappelons-le, outre le fait que nous étions invités, c’était surtout du bénévolat. Dans une certaine logique, il était évident que la production avait besoin de l’assurance que les spectateurs resteraient jusqu’au bout, histoire qu’on ne voie pas un vide dans la fosse à l’écran. Je comprenais l’idée. Pour autant, je ne saisissais pas qu’on nous force à rester. Et le terme est vraiment bien choisi. C’est ce que cette bonne femme, sans doute une responsable public ou je ne sais quel autre titre pompeux qu’elle s’octroyait, nous a bien indiqué : « Vous ne pouvez pas partir. » Une prison. Sans aucune raison. Si les autres avaient probablement signé une sorte de contrat qui les « obligeait » à rester jusqu’au bout, ce n’était pas mon cas, et je voulais rentrer. Je devais rentrer. Car plus elle m’en empêchait, plus je me sentais mal. Presque cinq heures que nous étions dans cette fosse, presque cinq heures debout à attendre, presque cinq heures à voir ce petit monde dans son entre-soi particulièrement fier de se prendre pour l’élite qu’il n’était pas. 

J’étais à deux doigts de pousser le vigile, foncer dans la porte et fuir en courant, lorsque finalement, l’ami de mon ami a débarqué pour nous sauver, réclamant les excuses de l’autre conne qui nous retenait de force.

J’ai marché jusqu’à ma voiture, épuisée mais heureuse d’avoir été sur un plateau au moins une fois, malgré la longueur de l’expérience. Je ne regrette pas, sans pour autant avoir envie de le refaire. C’est ce que je me suis dit, ce jour où je suis allée voir la Star Ac