La Moins Bonne de tes copines

Ce jour où j’ai rencontré Monsieur Chouette

bkg B Club

Mardi 27 août. Fin août et l’envie folle de me retrouver seule tant mon été avait été mouvementé. Je l’avais commencé en sortant Le Titre et surtout en gérant le biz. Évidemment, je ne m’en plains pas. Mais j’avais les batteries à plat. Et pas uniquement pour le taf. En août, j’avais passé, comme chaque année, une partie de mes vacances avec ma famille.

Famille composée de mes parents, ma sœur et surtout, surtout mon neveu. Lui, il aura le droit à une nouvelle à lui seul, car, mon Dieu, un gamin de trois ans au quotidien, c’est un vrai challenge. En tout cas, il m’avait poussée à m’accorder quelques jours en solitaire avant de me plonger dans la rentrée.

J’ai donc foncé sur Airbnb pour chercher un cottage au milieu de nulle part, loin de la foule, où Gégé et moi pourrions prendre du bon temps. Rapidement, j’ai trouvé ma pépite près de Saumur, dans une forêt qui longeait des vignes et surtout sans personne. Il ne m’en fallait pas plus : j’ai réservé. 

Trois jours après, je montais dans ma voiture, m’enfilais quelques heures de route et arrivais dans mon paradis. Et il avait tout de parfait, ce paradis. Enfin, j’avais du temps pour moi. Pas de bruit, pas de sollicitations, un peu de travail pour assouvir ma passion et de longues balades pour profiter de Gégé. J’allais ajouter à ça des brunchs de l’espace, quelques footings et surtout, une application de rencontres.

C’est elle qui allait mettre du piment dans mes jours de repos. Car le soir, dans mon lit trop grand pour moi, je scrollais. Je tombais sur des profils moins intéressants les uns que les autres, mais devais reconnaitre qu’ils avaient le mérite de booster mon égo. Rapidement, des dizaines de likes me sont arrivés sur la gueule, de la part de mecs pas trop mal et qui n’avaient pas l’air trop stupides. Évidemment, je n’étais pas débutante sur le sujet et savais qu’ils likaient sans doute des centaines de nanas à la seconde. Certes. Pour autant, je prenais ce qu’il y avait à prendre, même si cela n’était qu’un cœur digital. 

À mon tour, j’ai liké un profil. Monsieur Chouette, comme je l’ai vite surnommé, puisque son nom rappelait celui de l’animal fétiche d’Harry Potter. En espérant que sa baguette soit tout aussi magique. En image, Monsieur Chouette était physiquement intelligent. Un mètre quatre-vingt-dix, des abdos qu’ils laissaient apparaître, une peau bronzée et un style que j’adorais. Et le match qui arrivait. 

S’est ensuivie une discussion du tac au tac, ce qui est suffisamment rare sur des applications de rencontre pour être souligné.

C’était intéressant, presque drôle et simple. Encore suffisamment rare sur des applications pour être souligné. Habituellement, les conversations commencent par « Salut, ça va ? » et se terminent par « Ça va ». Autant dire qu’il est compliqué de faire naître l’amour. Avec Monsieur Chouette, c’était mieux, et c’était déjà pas mal. 

Après une ou deux heures à discuter sur l’appli, on a fini par échanger nos numéros et on est passés sur WhatsApp. Je dois vous avouer que moi, je n’y crois pas du tout, aux sites de rencontres. Fut un temps où j’avais les papillons qui s’envolaient dans mon cul dès que je recevais une notification d’un homme avec qui j’avais matché. Après plusieurs années, tu comprends que sur ce genre d’appli, tu trouves plus de déceptions que de succès. En résumé, Monsieur Chouette était chouette, mais c’était rien de foufou. Du haut de mes 33 ans, j’avais fini par me dire que c’était peut-être ça, l’amour. Un truc cool, un mec bien, et pas forcément de passion. Triste, je sais. Mais on prend ce qu’on a, et croyez-moi si vous êtes en couple, sur le marché du célibat, il n’y a pas grand-chose.

Alors Monsieur Chouette était mon seul étrier potable pour me remettre en selle. J’ai tenté de m’intéresser, je me suis fait porter par les sujets et j’ai travaillé sur mes énergies féminines pour me laisser séduire par un homme dont j’ignorais tout. Et surtout, j’ai répété ces efforts pendant plusieurs jours. Ce qui nous a amenés à échanger quotidiennement pendant une bonne semaine. 

Je dois reconnaitre que parfois, je me forçais. Non pas à lui parler, car, peuchère, il était vraiment gentil, intelligent et sympathique. Mais à m’investir. Et pourtant, il répondait à plein de critères, que je découvrais de plus en plus. Bref, en d’autres termes, il était ce genre de gars dont on discute entre copines et à propos duquel on conclut : « Tu sais quoi ? Il mérite une chance. » Avoue que toi aussi, tu le connais, ce type. 

Et il est arrivé, le moment où il m’a proposé un verre, tout en prenant soin de noter que j’avais la tête dans la sortie de mon oracle et que je devais être débordée, donc qu’il pouvait patienter. Un mec bien, je vous dis. Encore une fois, je n’étais pas emballée par l’idée, mais j’étais contente. Contente d’être prête à m’ouvrir à un nouvel homme, à accorder du temps à quelqu’un et à aller dater alors que je déteste ça.

C’est d’ailleurs ça, le point noir. Le date. Et très vite, on y est revenus, au « rien de fou ». 

Je comprends, il faut laisser une chance. Mais moi, je suis une extravertie qui rigole pour un rien, qui a toujours une punchline sous la main et une vanne dans l’autre. Je suis imprévisible, impulsive et je cumule les surprises. Je le sais, encore une fois, ce n’est peut-être pas comme ça au début d’une relation. Et finalement, c’est ça qui ne m’allait pas. Car Monsieur Chouette, il m’avait proposé un verre. Classique, tel qu’il l’était depuis le début. Moi, j’ai suggéré autre chose. Un truc plus « fun », comme je l’ai nommé, et je me suis engagée à trouver cette fameuse activité s’il le fallait. Et là, le choc. Monsieur Chouette a refusé. Ce con a refusé un date qui nous aurait évité ce moment ennuyant autour d’un verre, qui nous aurait permis de créer des souvenirs dès notre première rencontre, qui nous aurait offert la possibilité de sortir des schémas bien connus que l’appli nous avait déjà octroyés. Il a refusé, parce qu’il préférait le fameux verre. 

Là, ça a été un coup dur. Jusqu’alors, j’avais fait preuve de maturité et gardais mes proches ainsi que ma psy sur mon épaule, les entendant me répéter « qu’il faut laisser une chance ». 

Je l’ai laissée, la chance. Je l’ai laissée lorsque je l’ai écouté me parler trop lentement dans des vocaux sans les mettre en x 2, lorsque j’ai prétendu être douce et délicate alors même que ses chevilles à lui étaient trop gonflées, lorsqu’il m’a conseillé des choses que je savais depuis des années ou lorsqu’il a critiqué les influenceuses. Gros point, n’est-ce pas ? Je l’ai laissée. Parce qu’en effet, il méritait une chance. Mais, à ce moment, quand je lui ai proposé un date fun, « hors du commun » et qu’il a refusé, ça a été le coup de trop. Il était hors de question de perdre ma folie, mon soleil ardent, ma flamme embrasée qui peut m’emmener à l’autre bout du monde du jour au lendemain (true story, mais c’est pour une prochaine fois). 

Monsieur Chouette, il m’a rappelé une chose : il faut laisser une chance, mais il ne faut jamais, ô grand jamais, se contenter du minimum. Mais parce que je ne suis plus une ado, et surtout que je veux avancer dans ma vie sentimentale, j’ai accepté. À l’heure où je vous écris, aucune date n’a encore été fixée. Mais j’ai accepté. 

En revanche, B Club, je te promets un truc : si je me fais chier, aussi gentil, intéressant et respectueux soit-il, ça dégage. Car mieux vaut être seule qu’avec le strict minimum. C’est ce que je me suis rappelé, ce jour où j’ai rencontré Monsieur Chouette.