La Moins Bonne de tes copines

Ce jour où j’ai écrit Le Titre

bkg B Club

Octobre 2024. Un soir après avoir eu le cœur brisé. Encore une fois. Cette fois un peu plus douloureusement, à en croire les conséquences. Parce que cette fois, j’en ai fait un livre, de cette histoire de merde. Je ne peux pas vous mentir, je l’avais déjà en tête. Certes. Mais je n’avais pas tous les rebondissements, toutes les causes et toutes les aventures de Coralie. Coralie, c’est l’héroïne, en partant du principe qu’être soi-même est héroïque. Elle ne porte ni cape ni masque mais elle a un superpouvoir : celui de lire l’avenir. Car Coralie, elle est cartomancienne.

Pour celles qui ne connaissent pas la pratique, c’est très simple : à partir d’un oracle, on vous dit si vous allez bientôt quitter votre job ou votre mec. En gros. En très gros. en vraiment très, très, très gros. Parce que, ne nous ne mentons pas, lire l’avenir alors même qu’on est incapable d’écrire le sien, c’est compliqué. C’est ce qu’elle vous dirait, Coralie, et ce que je vous dis aussi. Sans surprise, Coralie n’est qu’une copie de ce que mon cœur a pu subir ces derniers mois. Coralie, ça a été ma thérapie, celle dans laquelle j’ai mis mes peines, mes doutes, mes incertitudes et, tout de même, mes joies et mes fous rires.

En octobre, donc, je posais mes premiers mots, quelques jours seulement après LA rupture de ma vie. Coralie, elle a pris cher. Je lui ai fait vivre cette séparation, en plus intense encore. Assise derrière mon ordinateur, j’ai retraversé chaque semaine passée. Parfois, j’ai pleuré, parfois, j’ai ri et souvent, je m’en suis voulu. Je m’en suis voulu d’avoir accepté des situations dans lesquelles je ne me sentais pas respectée, d’avoir renoncé à me traiter à ma juste valeur, d’avoir accepté le strict minimum.

Alors, quand c’était trop dur, je lui ai offert de la douceur, à Coralie. D’abord, elle a rencontré Gisèle, celle que vous aimez tant et moi aussi… Gisèle, c’est son étoile, celle qui t’apprend le lâcher-prise et la résilience. Enfin, presque. Puis, je lui ai ajouté des hommes gentils, bienveillants et sains. Dont un que j’ai également rencontré et qui m’a redonné de l’espoir. Le jardinier. Il l’avait gagnée, sa place dans mon nouveau roman. Et Coralie l’a remercié… 

Ensuite, j’ai inclus le crush toxique, celui qui te répète qu’il t’aime, mais qui ne fait jamais de toi sa meuf. Enfin, j’ai terminé avec l’ex. Le connard qu’on déteste aimer. Ou pas. À cette joyeuse bande s’est greffée une meilleure amie complètement perchée, un homme divorcé encore amoureux, un assistant effrayant, une cuisinière incroyable et un rockeur sournois. J’avais tout, tous ceux qui n’attendaient que de réécrire l’histoire de Coralie après avoir nourri la mienne. Alors, je me suis lancée. Pendant des jours, des semaines, des mois, je me suis posée à mon bureau, avec rigueur et discipline. Comme une femme en fin de vie qui écrit ses mémoires, j’ai voyagé dans ma propre histoire. Jusqu’à la fin. Décembre 2023.

Il était terminé. J’ai enchaîné les relectures et les corrections, travaillé la couverture et cherché le titre. Le titre. Il ne me fallait pas plus, je l’avais. C’est lui, l’homme que j’ai aimé, qui me l’a donné. Un jour, alors que j’étais probablement relou, il me l’a dit : « Tu es le prix. » Il avait une théorie. Dans une relation, l’un est toujours le prix de l’autre, l’un est toujours plus gagnant que l’autre, l’un est toujours plus chanceux que l’autre. En ce sens, le prix est la récompense, le prix est le titre de noblesse qui rend supérieur à l’autre. Dur, dit comme ça. Jugez pas, c’est la théorie. Et puis, Le Titre, c’est drôle, comme titre. Je ne vous cache pas que vous imaginer en magasin demander Le Titre, créant le quiproquo, m’enchante.

Le titre était trouvé, le livre était écrit. Il ne manquait plus que la couverture.

Ça, c’était plus compliqué. D’abord parce que je devais être stratégique d’un point de vue marketing. Certes, Coralie est cartomancienne, mais la partie ésotérique du roman représente à peine 5 % du livre. Les 95 % restants sont des histoires d’amour, d’amitié et d’aventures plus farfelues les unes que les autres. Mon souci était simple : je voulais attirer celles qui étaient intéressées par ce domaine, mais surtout ne pas perdre mes lectrices fidèles qui n’en ont rien à foutre des histoires de sorcières. Des heures à chercher la meilleure teinte, la meilleure carte, la meilleure ambiance, la meilleure couverture, tout simplement. Puis, je l’ai obtenue, celle qui était parfaite, au moins à mes yeux. Les couleurs étaient magnifiques, les trois mains représentaient les interactions, la carte rappelait le karma et la charte graphique faisait écho à l’univers. 

Début avril, tout était finalisé. J’ai envoyé le tout à l’imprimeur, après 50 relectures et 1 000 doutes. Quelques jours après, j’ai débarqué pour vérifier le résultat, valider les derniers paramètres et je l’ai vu prendre vie devant moi. Il était là, Le Titre. Il était là, mon livre, celui qui m’avait tant apporté et qui pourrait vous offrir autant. Je l’ai vu, celui qui retrace les histoires qui m’ont fait vivre un roller coaster d’émotions.

Dans ce livre, il y a l’un des hommes que j’aime le plus dans ce monde de connards, l’amie qui m’a soutenue dans mes dernières galères, le crush qui m’a baisée sur une tondeuse, l’ex qui a choisi son meilleur moment pour revenir. Il y a tout de moi. Ce livre, c’est mon histoire. Alors, au milieu des machines qui l’imprimaient, l’exemplaire test en main, malgré mon sourire, j’ai lâché une larme. Une petite larme qui signifiait la satisfaction et la fierté, mais aussi la nostalgie et, malgré tout, la résilience.

Il est ce qui ne peut plus être écrit. Il est le passé, celui qui me permettra de faire briller mon futur. Il est mon nouveau roman. Il est mon titre. Il est Le Titre